L'argent du pouvoir · 3 fév. 2011 à 07:53
Des comptes dopés, des transferts de fonds permanents, des approximations comptables récurrentes. Non, vous n'êtes pas dans la galaxie des micropartis de l'UMP mais bien chez les Verts. En matière de transparence des financements politiques, force est de constater qu'il n'y a pas un camp pour rattraper l'autre. C'est le constat fait chaque année par la Commission nationale des comptes de campagne et des finances politiques.
Les Verts n'échappent pas à la règle : adeptes de la décentralisation, ils disposent d'une ou plusieurs associations de financement dans chaque département. Rien de répréhensible, sauf que la direction nationale semble avoir toutes les peines du monde à maintenir une comptabilité cohérente étant donné les nombreux transferts de fonds entre toutes ces structures.
Et ces comptes fantaisistes ne sont pas du goût de la commission des financements politiques qui déplore les approximations dans la traçabilité des dons comme l'a raconté Le Canard enchainé le 5 janvier dernier.
Ainsi, "en 2008, a défaut d'explications, la Commission avait menacé les Verts de retirer leur agrément d'association de financement. Une menace réitérée en 2009. D'autant que le compte de résultats affiche 648 223 euros en produits d'exploitation, dont... 878 679 euros (sic) de facturations des services rendus aux candidats pour les campagnes électorales". Un écart de plus de 200 000 euros... Heureusement, la Commission n'a pas les moyens d'enquêter.
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RAPPEL : "Selon le bon vieux principe, "tout le monde le fait alors moi aussi et de toute façon ça ne se verra pas", les politiques détournent depuis des années l'esprit de la loi sur le financement des partis politiques. Si tout est légal sur le plan juridique, personne n'est dupe sauf les citoyens qui l'ignorent : les politiques multiplient les structures et les combines pour amasser le plus d'argent possible afin de financer leur activité politique.
Dans une démocratie idéale et transparente, un parti regroupe des militants et des responsables politiques qui appartiennent au même courant d'idées et souhaitent les appliquer en remportant des élections. Comme une campagne électorale, des meetings et tout ce qui s'apparente à la vie d'une organisation ont un coût, l'Etat encadre le financement des partis afin d'éviter toute corruption : des dons plafonnés, interdiction du financement par des personnes morales (entreprises, association) et en période électorale, des dépenses très encadrées et des comptes de campagne épluchés par une autorité indépendante. Voilà pour la théorie, car dans la pratique, et malgré le vote de lois "moralisant" le financement des partis dans les années 1990, le système a été détourné en une vaste machine à cash : le nombre de partis est passé de 28 en 1990 à 295 en 2010. La presse publie de temps en temps des articles sur le sujet mais en noyant parfois les informations dans de longues synthèses qui pointent du doigt tout le monde, c'est-à-dire personne.
Autrement dit, ce type d'informations, c'est comme les claques, elles se perdent. Voilà pourquoi nous avons décidé de lancer le principe de la mini-série : nous publierons quelques lignes de temps en temps pour vous rafraîchir la mémoire et vous permettre de retrouver facilement l'information dans les archives à ciel ouvert du net".
Épisodes précédents :
- Le parti radical de Borloo verse des milliers d'euros à des organismes non identifiés
- Énergie France, le parti de Bernard Tapie dont les comptes n'ont pas été certifiés dans les règles
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