breve · 14 fév. 2011 à 07:53
Depuis le temps qu'on nous répète qu'il faut dégraisser le mammouth, les gouvernements successifs vont bien finir par y arriver. Depuis 2007, ce sont près de 16 000 postes d'enseignants qui ont été supprimés selon la règle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite. La vague de suppressions doit se poursuivre jusqu'en 2013, selon un document interne publié cet été par Le Monde. Et comme il devient de plus en plus difficile de trouver des économies, le ministère a reconnu qu'en 2011, il faudra augmenter le nombre d'élèves par classe pour absorber ces suppressions. Voilà pour la partie suppression.
Seulement, à force de diminuer le nombre de profs, les établissements commencent... à en manquer ! Qu'à cela ne tienne, il suffit d'en recruter d'autres, moins chers. Ce sont les fameux "assistants pédagogiques", qui ont des contrats à durée déterminée et sont nettement moins payés qu'un titulaire. Officiellement, ces assistants d'éducation font de l'accompagnement et ne sont pas censés enseigner. Mais dans la pratique, c'est très différent. Et voilà comment certains établissements parviennent à recruter des profs, faisant 22 heures par semaine (quand un titulaire en fait 18) pour seulement... 573 euros par mois.
C'est Véronique Soulé, la journaliste de Libération en charge de l'éducation, qui racontait sur son blog le désarroi d'une des postulantes à ce genre d'annonces :
"Lu dans une petite annonce: lycée cherche "formateur" pour cours de français à des élèves non francophones. Salaire: 573 euros mensuels pour 22 heures par semaine. Une licence est souhaitée... En ce moment, Lola, prof de FLE (français langue étrangère), regarde les petites annonces sur les sites. Elle a envie de changer de job. Le 3 janvier, à peine les fêtes passées, elle tombe sur une annonce qui la met franchement en colère. Un lycée pro d'Aubervilliers, en Seine-saint-Denis, recherche un assistant pédagogique. Sa mission: "former en FLE des élèves de 15 à 20 ans dont la maîtrise du français n'est pas suffisante pour intégrer une classe banale correspondante à leur âge". Salaire: un demi SMIC - il vient juste de passer au 1er janvier à 9 euros de l'heure brut...
La formule est un peu alambiquée. Mais si l'on comprend bien, il s'agit de donner des cours de français à des élèves qui n'arrivent pas à suivre ce qui est dit en classe. En clair, un travail d'enseignement. D'ailleurs, la petite annonce se retrouve sur le site de l'Agence de promotion du FLE aux côtés de beaucoup d'autres, d'enseignants.
Source : Véronique Soulé, "Profs-formateurs: qui veut un mi-temps à 573 euros par mois ?", Blog Libération "C'est classe", 16 janvier 2011