breve · 17 fév. 2011 à 07:48
Et de quatre mensonges ! De semaine en semaine, la presse détricote la ligne de défense de Michèle Alliot-Marie. Après les révélations successives du Canard enchaîné, c'est autour de Mediapart : le site d'information vient de confirmer que la ministre en vacances avait bien eu Ben Ali au téléphone pendant son séjour alors que MAM avait déclaré n'avoir eu "aucun contact privilégié" avec le président tunisien. "La dernière fois que j'ai vu l'ancien président, en tête-à-tête, c'était en 2006, dans mes fonctions de ministre de la Défense" a-t-elle déclaré. Pas faux. Mais elle a omis de préciser qu'elle l'a eu au téléphone pendant son séjour controversé au moment même où le régime réprimait les manifestations.
"Cette conversation, évoquée au conditionnel dans un article récent du Nouvel Observateur, a été confirmée ce mardi à Mediapart par le ministère des affaires étrangères, indique le site d'informations. «A cette période, Mme Alliot-Marie a eu un bref entretien téléphonique avec M. Ben Ali», confirme son cabinet.
Cet aveu, tardif, pose une foule de questions auxquelles le ministère se refuse, pour l'instant, de répondre. La chef de la diplomatie française et l'ex-dictateur forcé de quitter le pays le 14 janvier ont-ils, lors de cet entretien, évoqué l'immolation le 17 décembre de Mohamed Bouazizi, ce jeune vendeur ambulant de Sidi Bouzid dont le geste désespéré est à l'origine de la révolution? Ont-ils parlé des deux jeunes hommes mortellement blessés le 24 décembre par les tirs à balles réelles de la police?
Surtout, lors de cet entretien, le président Ben Ali a-t-il demandé l'assistance de la France pour mater la rébellion? Une source au Quai d'Orsay dément. Pourtant, deux semaines plus tard, le 11 janvier, la ministre des affaires étrangères proposait devant les députés de mettre à la disposition du gouvernement tunisien «le savoir-faire reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité».
En tout cas, une bonne partie de la stratégie de communication de la ministre tombe à l'eau".
Pour tenter de désamorcer l'impact de ces nouvelles révélations, son cabinet a tenté de relativiser : "C'est tout simplement le métier du ministre des affaires étrangères que d'avoir quotidiennement des entretiens téléphoniques ou des entrevues avec des autorités gouvernementales étrangères". Alliot-Marie n'avait-elle pas déclaré pour sa défense "Quand je suis en vacances, je ne suis pas ministre" ? C'est sans doute le souvenir de ce coup de fil qui explique qu'elle soit revenue sur ses propos deux jours plus tard. Il ne restait plus qu'à rendre public ce coup de téléphone. Et l'heure est grave, puisque même le site du Figaro en a parlé.
Source : Lénaïg Bredoux, Mathieu Magnaudeix, "Alliot-Marie a bien eu Ben Ali au téléphone en Tunisie", Mediapart, 15 février 2011
L'affaire MAM/Ben Ali :
- Mensonge 1 : "Le jeune qui s'est immolé au feu, c'était le jour de notre arrivée"
- Mensonge 2 : "Je l'ai accompagné pendant 20 minutes de trajet en avion"
- Mensonge 3 : "Il n'a pas mis son avion à ma disposition, nous l'avons accompagné ".
- Mensonge 4 : "Je n'ai eu aucun contact priviligé avec [Ben Ali]" pendant le voyage
BONUS : Des nouvelles de son prédécesseur au Quai d'Orsay : Bernard Kouchner dispose toujours d'un bureau, d'une secrétaire et d'un chauffeur au ministère trois mois après son départ