Questions d'actualité · 9 mar. 2011 à 08:40
Alors que les médias sont obnubilés par la désignation des candidats des partis, en coulisses, la bataille des programmes fait rage. Pour peser sur les orientations, les responsables politiques s'appuient sur des organisations indépendantes : les think tanks.
Quels sont les principaux think thanks de droite et de gauche ? Quand sont-ils apparus ? Quels rôles peuvent-ils jouer dans le cadre d'une présidentielle ?
Littéralement, un think tank renvoie à un « réservoir d'idées ». Dans la pratique, cela désigne un regroupement d'intellectuels et d'experts, au sein d'un centre de recherches, dans le but de publier des études et faire des propositions dans le domaine des politiques publiques. Un think tank se charge donc de proposer des solutions aux décideurs politiques, sans pour autant participer à la prise de décision, ni vouloir conquérir le pouvoir. En France, on compte aujourd'hui environ 160 think tanks. En comparaison, on en dénombre 1500 aux Etats-Unis. C'est à Londres, en 1884 qu'est apparu le premier think tank, la Fabian Society. Les think tanks se sont ensuite développés aux Etats Unis. Le financement varie selon les pays. Aux Etats Unis, il est possible de recourir au financement public. En France, les think tanks dépendent généralement des partis politiques.
Les think tanks ont une grande importance en politique, principalement dans l'élaboration des programmes de campagnes électorales. Des think tanks émergent les principales propositions des candidats. La victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 peut s'expliquer sur le terrain des idées.
L'actuel Président n'a pas eu recours à un think tank au sens classique du terme, mais il a mobilisé un grand nombre d'intellectuels et d'experts derrière Emmanuelle Mignon. Même à gauche, on reconnaît le travail de cette dernière. Christian Paul, responsable du Laboratoire des idées (regroupement des think tanks de gauche) a ainsi déclaré au Monde que " 2011, pour le PS, doit être le printemps des idées. Mon rêve, c'est de réaliser la symétrie avec le travail de la droite en 2007 ".
Autant à gauche qu'à droite, on s'active pour préparer la campagne présidentielle. Le Parti Socialiste et l'UMP viennent tous les deux de créer des Conseils réunissant les principaux think tanks affiliés à leurs idéologies respectives. Début 2009, peu après le Congrès de Reims, Martine Aubry créait le Laboratoire des idées, la plateforme du PS censée coordonner les différents think tanks. Il comprend 27 groupes de travail, ayant pour thèmes majeurs la transformation de l'Etat et le nouveau modèle de société. C'est à partir des travaux du Laboratoire des idées que le programme du candidat socialiste doit être élaboré.
Du côté de l'UMP, Jean François Copé s'est chargé de la création du Conseil des think tanks et des clubs début janvier 2011. Ce conseil réunit les principaux think tanks et clubs politiques proches de la droite. Organisés autour de trois grands thèmes, à savoir les 35 heures, la laïcité et la justice sociale, le Conseil doit recueillir les propositions et organiser les débats en vue de l'élaboration du futur programme de campagne.
Exemples de thinks tank gravitant autour de l'UMP : les clubs (Génération France, Dialogue et initiative, France.9, Le Chène, La Droite populaire, Réforme et modernité, Les Réformateurs entre autres) ou des think tanks généralistes (La Fondapol, La Fondation Concorde).
Exemples de think tanks gravitant autour du PS : les clubs (Gagner en 2012, La Forge, Les Gracques, Institut Edgard-Quinet, Cercle 21 entre autres) et des think tanks généralistes (comme Nonfiction.fr, La vie des idées, Terra Nova, Fondation Jean-Jaurès)
En France, contrairement aux Etats Unis, les think tanks sont affiliés aux partis politiques. Etonnant quand on sait qu'un think tank est censé être une structure indépendante proposant une expertise en matière de politiques publiques. Un parti politique peut tout à fait recourir à un think tank en toute neutralité, mais quand on regarde qui dirige les principaux clubs ou think tanks français, on y retrouve toute la classe politique française, tant à gauche comme à droite. Quelques exemples : Désirs d'avenir (Ségolène Royal), Cercle 21 (Manuel Valls), Des idées et des rêves (Arnaud Montebourg), Génération France (Jean-François Copé), France.9 (François Fillon), Les Progressistes (Eric Besson).
C'est l'une des grandes différences avec les exemples étrangers : la frontière entre le think tank et le fan club est relativement mince en France.
Par Pablo Ahumada
*** Sources
- Observatoire français des Think tanks : http://www.oftt.eu
- Pierre Jaxel-Truer et Sophie Landrin, "Faut-il avoir son think tank pour gagner la présidentielle ?", Le Monde, 20 janvier 2011
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