Marine Le Pen, portrait de la fille de son père

Portraits politiques · 14 avr. 2011 à 08:25

Marine Le Pen

C'est la nouvelle star 2011. Et le vote par bulletin secret (et non par sms) est prévu pour 2012. Marine Le Pen est partout : dans les esprits des leaders de l'UMP qui veulent récupérer ses voix, dans les écrans télés et sur les ondes radios. C'est la fille de son père, qui se trouve aujourd'hui à la tête d'un Front national soi-disant nouvelle version. Mais qui est Marine Le Pen ?


Portrait.

Origines et formation

Marion Anne Perrine Le Pen est la troisième et dernière fille du président du Front national, Jean-Marie Le Pen et de sa première épouse, Pierrette Lalanne. Elle naît le 5 août 1969, à Neuilly-sur-Seine.
Son baccalauréat en poche, Marine Le Pen se dirige vers des études de droit, à Assas. Dès cette époque, elle s'engage en politique en adhérant au Cercle national des étudiants de Paris, mouvement proche du Front national. En 1992, elle obtient son certificat d'aptitude à la profession d'avocat et devient avocate au barreau de Paris. Pendant 6 ans, elle plaide au tribunal de grande instance de Paris. En 1998, elle met entre parenthèses sa carrière pour entrer au service juridique du Front national, poste qu'elle occupe pendant cinq ans.

Ses débuts en politique

Baignant dans le milieu politique depuis l'enfance, Marine Le Pen adhère dès l'âge de 18 ans au Front national. En 1993, elle se présente aux élections législatives dans la 16e circonscription de Paris. Elle perd dès le premier tour avec 11,1% des voix derrière le candidat socialiste qui obtient 11,85% des suffrages et le vainqueur, le député, sortant (63,14% des voix).
Cinq ans plus tard, elle parvient à se faire élire conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais, région à laquelle elle reste fidèle. Cette région particulièrement sinistrée lui permet de mettre en avant ses idées de protectionnisme et de préférence nationale qui consiste à réserver les emplois prioritairement aux Français (définition même de discrimination).
En 2000, au bureau politique du Front national, elle dirige l'association « Générations Le Pen ». L'objectif est de dédiaboliser le parti. Elle estime en effet que les médias et les autres partis donnent une image caricaturale du FN. Pour cela, elle veut montrer que le parti n'est pas raciste mais qu'il défend les Français en premier lieu ainsi que la laïcité. L'Islam est ainsi un thème qu'elle combat avec véhémence. Que du classique pour un parti d'extrême-droite.

2003 : vice-présidente du FN

En 2002, avec l'accession de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle, Marine Le Pen explose médiatiquement. C'est elle qui vient commenter les résultats sur les plateaux de télévision pour donner une autre image du FN.
Sa volonté de dédiaboliser le FN et son ouverture sur certains sujets de société dérangent les membres du parti les plus traditionnalistes. S'agissant de l'avortement, par exemple, elle se veut plus ouverte, tout en souhaitant un référendum dont l'issue du scrutin est incertaine. Divorcée, mère de trois enfants, elle se présente comme une politique active, éloignée de l'image traditionnelle de la femme. Elle souhaite également aborder avec plus de mesure le thème de la religion, sans le cantonner à un problème territorial. Les militants traditionalistes n'approuvent pas ses engagements et le manifestent lors du congrès de Nice en avril 2003 où Marine Le Pen n'arrive que 34e au comité central par les votes des délégués départementaux. Pourtant, à l'issu de ce congrès, Jean-Marie Le Pen nomme sa fille vice-présidente du parti.

2004 : députée européenne

En 2004, Marine Le Pen se présente aux élections européennes dans la circonscription d'Île-de-France. Elle réussit à obtenir un siège à Strasbourg. On retrouve une nouvelle fois ses thèmes de prédilection : les dangers de l'immigration ou le principe de préférence nationale. Elle s'oppose également à la Constitution européenne et appelle à voter non lors du référendum en France. De même, elle souhaite sortir de la zone euro et rétablir le franc pour sortir de la dette. Sur ces points, Le Pen Marine défend exactement les mêmes idées que Le Pen Jean-Marie.
Au sein du parti, sa popularité ne cesse d'augmenter. Alors qu'elle n'était que 34e au comité central en 2003, elle arrive seconde lors du congrès de Bordeaux en novembre 2007, derrière Bruno Gollnisch. Marine Le Pen prend du galon puisqu'elle est désormais responsable de la communication et de la formation des cadres comme des militants. En effet, son nom et son attitude moins agressive que celle de son père et des leaders du FN lui permettent de séduire un nouvel électorat.

Directrice de campagne lors de la présidentielle de 2007

Très proche de son père qui n'a de cesse de l'aider dans son ascension au sein du parti, Marine Le Pen est chargée de diriger sa campagne présidentielle en 2007. Sa stratégie repose sur un constat d'échec : que ce soit la droite ou la gauche, aucun parti n'a été capable de résoudre les différents problèmes économiques et sociaux des Français. Le slogan choisi est : « Avec Le Pen, tous ensemble, relevons notre France ». Et dans cette France, Marine Le Pen compte aussi les musulmans. Ainsi, l'une des affiches représente une femme voilée. Face à la colère de certains militants qui ne comprennent pas cette ouverture sur l'islam, la directrice de campagne répondait : « Sur cette affiche, on évoque la nationalité, l'assimilation, l'ascenseur social, la laïcité, qui sont des domaines dans lesquels la droite et la gauche ont absolument échoué. Un certain nombre de Français d'origine immigrée sont conscients de cet échec et entendent obtenir des réponses. Beaucoup d'entre eux se tournent vers le candidat Jean-Marie Le Pen pour en obtenir. » Marine Le Pen tente de bousculer l'image du FN tout en maintenant les fondamentaux du parti d'extrême-droite sur le fond.
Pour donner une image plus moderne du parti, elle multiplie les apparitions sur les plateaux télévisés. Pourtant, malgré ses efforts, son père échoue dès le premier tour avec 10,44% des suffrages. La stratégie de Marine Le Pen pour cette élection est également un désaveu. Les électeurs n'ont pas adhéré à ce changement de cap du FN.

Un ancrage électoral dans le Nord

Dès les élections législatives de juin 2002, Marine Le Pen a choisi une région : le Nord-Pas-de Calais. Dans la circonscription de Lens, cette année-là, elle obtient 24,24% des suffrages au premier tour mais trébuche au second tour avec 23,30% face au candidat socialiste. Pourtant, quelques années plus tard, en 2007, elle récidive en choisissant la commune de Hénin-Beaumont. C'est grâce à Steeve Briois, élu local qui œuvre depuis 25 ans pour le FN, qu'elle se présente dans de bonnes conditions aux législatives. Elle reçoit également le soutien d'un ancien élu socialiste, Daniel Janssens ainsi que des gaullistes Alain Griotteray, Michel Caldagués et Paul-Marie Coûteaux. Elle axe toute sa campagne sur les thèmes du chômage et de la délocalisation des usines. Même si, au final, Marine Le Pen perd les élections face au candidat socialiste, ce scrutin est un tournant dans sa carrière. Alors que le FN au niveau national ne parvient à remporter que 4,3% des suffrages au 1er tour, Marine Le Pen en obtient 24,5%. Au second tour, elle échoue avec 41,65% des voix mais le candidat socialiste, par rapport aux élections de 2002, perd 10 points. La popularité grandissante de Marine Le Pen dans le Nord n'est donc pas négligeable.
En mars 2008, elle participe aux élections municipales à Hénin-Beaumont. Elle figure en deuxième position sur la liste du FN conduite par l'élu local, Steeve Briois. Celui-ci ne parvient pas à se faire élire mais le parti gagne cinq conseillers municipaux, dont Marine Le Pen. Suite à un coup de théâtre – le maire socialiste, Gérard Dalongeville, est démis de ses fonctions pour corruption – une élection municipale partielle est organisée les 28 juin et 5 juillet 2009. Alors qu'au premier tour, le FN rafle 39,34% des voix, au second tour il échoue avec le score de 47,62%. Marine Le Pen conserve son siège de conseillère municipale.
En février 2011, ne pouvant cumuler le mandat de députée européenne et conseillère municipale, elle décide donc de renoncer à Hénin-Beaumont.

Européennes 2009 et Régionales 2010 : Marine Le Pen poursuit son ascension

Contrairement à 2004, Marine Le Pen choisit la circonscription Nord-Ouest (Basse-Normandie, Haute-Normandie, Nord-Pas-de-Calais, Picardie). Cette campagne électorale est difficile. Les tensions internes surgissent. Carl Lang, député européen FN de cette circonscription, refuse l'arrivée de Marine Le Pen et décide de mener une liste dissidente. La rupture est sans appel : Carl Lang démissionne du FN. Marine Le Pen poursuit sa campagne et remporte les élections. Elle est, de nouveau, élue députée européenne.
De plus en plus présente dans les médias, Marine Le Pen prend part aux polémiques qui touchent à la fois Roman Polanski et le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand. Selon elle, ces deux personnages médiatiques sont le symbole d'une « caste de privilégiés qui s'autoprotège ». Grâce à ses paroles marquantes, reprises par les différents médias, Marine Le Pen gagne en popularité. Comme son père, elle veut frapper les esprits avec des formules lapidaires.
Forte de sa popularité dans le Nord-Pas-de-Calais et ayant évincé son principal adversaire, Carl Lang, Marine Le Pen se place en tête de liste des régionales 2012. Au second tour des élections, elle obtient 22,20% des suffrages. Le FN gagne ainsi 18 sièges au conseil régional.

Janvier 2011 : présidente du FN

Depuis le début de son entrée en politique, Marine Le Pen a toujours été soutenue par son père qui a veillé à évincer tous les récalcitrants (en 2005, Jacques Bompard, Marie-France Stirbois, Bernard Antony, en 2008, Carl Lang, Fernand, Le Rachinel et Jean-Claude Martinez, en 2011, Roger Holeindre). C'est donc naturellement qu'il envisage de voir sa fille à sa succession. Le Pen annonce qu'il quittera ses fonctions lors du congrès de Tours les 15 et 16 janvier 2011. Le seul candidat à se présenter face à Marine Le Pen est Bruno Gollnisch. C'est avec 67,65 % des voix que Marine Le Pen remporte l'élection. Avec les résultats des cantonales 2011, la route vers l'élection présidentielle de 2012 est ouverte...


Par Anne-Sophie DEMONCHY



*** Sources
- Gérald Andrieu, « J. Fourquet, Marine Le Pen a percé lors de l'affaire Mitterrand » in Marianne, le 14 Avril 2010
- « Marine Le Pen, la fille préférée » in Le Figaro, le 1er août 2008
- Thierry de Cabarrus, « Marine Le Pen, la méthode Jean-Marie : portrait de A à Z » in Suite101, le 15 janvier 2011

Commentaires