Questions d'actualité · 27 mai 2011 à 09:16
Pendant deux jours, les huit grandes puissances mondiales se réunissent à Deauville pour aborder les problèmes liés notamment au nucléaire, aux avancées d'Internet, aux printemps arabes... C'est Nicolas Sarkozy qui préside ces deux journées où l'absence du président du FMI, Dominique Strauss-Kahn, ne manquera pas d'être remarquée.
Mais qu'est-ce que le G8 (groupe des 8) et surtout, quelles sont ses ambitions ?
En 1975, le président de la République, Valéry Giscard d'Estaing a l'idée de réunir de façon informelle les « Grands ». Il s'agit alors des chefs d'Etat et de gouvernement d'Allemagne de l'Ouest, des Etats-Unis, du Japon et du Royaume-Uni et bien sûr de la France.
A cette époque, le monde est bouleversé par les différents chocs pétroliers causant une crise économique importante. Giscard d'Estaing imagine alors de convier les « Grands » au château de Rambouillet pour discuter de la façon dont ils pourraient sortir de la crise. Mais, cette réunion ne se veut pas officielle ni médiatique. En 1975 encore, le groupe propose à l'Italie de se joindre à lui.
Très rapidement, le cénacle évolue. Le Canada entre dans le G7 en 1976 qui se tient cette fois à Porto Rico. Il ne s'agit plus de discuter de façon informelle d'une crise pétrolière, mais de réfléchir ensemble aux solutions à apporter à des événements politiques. La réunion se veut alors plus protocolaire. Au fur et à mesure, les sujets se diversifient. Entrent dans les préoccupations majeures du G7 les questions liées au développement durable et à la santé.
Les Grands ne se contentent plus de discuter, ils font des projets à longs termes et prennent des décisions qui ont un impact sur les autres pays. Le sommet de Halifax, au Canada, en 1995, met en œuvre des changements dans le mode de fonctionnement de la Banque mondiale, du FMI et d'autres organisations internationales.
Enfin, ces réunions au sommet permettent de favoriser la paix entre les Etats : en 1997, par exemple, à Denver, les Grands décident d'inviter la Russie à rejoindre leur groupe. Ce geste marque la réconciliation définitive avec la Russie depuis la fin de la guerre froide.
Mais ces décisions prises entre soi ne satisfont pas tout le monde et tandis que les réunions en 1975 sont discrètes et rassemblent peu d'invités, avec le temps, experts comme journalistes et manifestants s'invitent également au sommet. La sécurité, absente au château de Rambouillet, doit s'intensifier pour palier le risque d'émeutes.
Avec la Russie, le groupe des Grands compte désormais huit membres. C'est en 1998, à Birmingham, que le premier G8 a lieu. Ce sommet marque un nouveau tournant dans l'organisation des réunions. Désormais, les ministres des Affaires étrangères et des Finances ne sont plus conviés. Ils se réunissent parallèlement.
Les grandes questions sur les maladies infectieuses ainsi que l'endettement des pays les plus pauvres font partie des priorités des sommets. Par exemple, on décide en 2000 (à Okinawa) d'aider au financement de la lutte contre les maladies infectieuses, en 2001 (à Gênes) de créer un Fonds mondial de lutte contre le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose.
Le G8 prend également des décisions concernant la lutte contre le terrorisme. Par exemple, à Kananaskis, en 2002, on s'organise pour mettre en œuvre un partenariat mondial contre la dissémination d'armes et de matières de destruction massive. On adopte également des mesures sur la sécurité des transports.
Le G8 se réunit tous les ans. A tour de rôle, l'un des pays membres accueille les autres et préside les réunions. C'est lui qui décide de l'ordre du jour ainsi que de la manière dont les sujets seront abordés. Son rôle ne s'arrête pas là puisqu'il doit également être le porte-parole du G8 pendant son année de présidence et permettre aux organisations non gouvernementales comme aux institutions financières de prendre part aux travaux.
Mais, si en apparence, le G8 se veut une « grande famille » où l'on tente d'apporter des réponses à des problèmes comme l'endettement ou le terrorisme, de nombreux opposants se rassemblent chaque année pour semer le trouble et des bavures sont à déplorer.
En 2001, par exemple, au sommet de Gênes, lors d'une manifestation autorisée dégénérant en violents affrontements entre militants et forces de l'ordre, un carabinier tue l'un des altermondialistes Le Monde). L'année suivante, au sommet d'Evian, c'est un autre militant qui manque de mourir, un policier coupant la corde à laquelle il est suspendu pour empêcher les voitures de circuler. En 2007, en Allemagne, pour faire face aux 100 000 altermondialistes attendus, 16 000 policiers ainsi qu'un millier de militaires sont réquisitionnés. Contrairement aux premiers sommets des années 1970 qui se déroulaient dans la plus grande discrétion, les G8 suscitent de nombreuses polémiques. Parce qu'une partie du monde est exclue de ces réunions, les altermondialistes tentent d'empêcher leur bon déroulement.
C'est en 1999, en marge du sommet du G8 de Washington qu'a été créé le G20. Lors d'une réunion des ministres des finances du groupe – qui ne peuvent plus siéger avec les chefs d'Etat ou de gouvernement depuis 1998 – le ministre canadien, Paul Martin, a l'idée de lancer un groupe plus vaste pour réfléchir à la manière de gérer la stabilité financière mondiale et créer un dialogue entre les pays industrialisés et les pays émergents.
Ainsi, il ne serait plus question de se réunir entre pays industrialisés pour décider des grandes questions économiques, sociales ou environnementales, mais d'intégrer et de faire participer des pays émergents.
Pendant dix ans, le G20 s'est donc réuni avec les différents ministres des pays membres. Mais en 2008, à la demande de George Bush, le G20 fait place aussi aux chefs d'Etat et de gouvernement. Toutefois, c'est le président Sarkozy qui a voulu élargir le groupe à 20 membres expliquant lors de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre 2008 que « le devoir des chefs d'Etat et de Gouvernement des pays les plus directement concernés est de se réunir avant la fin de l'année pour réfléchir ensemble aux leçons à tirer de la crise financière qui est la plus grave qu'ait connue le monde depuis celle des années 1930 ».
Pour faire face à la crise mondiale, le G20 est apparu comme une instance propre à pouvoir trouver des solutions économiques efficaces. Sont donc conviés à ces sommets non seulement les 20 pays membres (dont l'Union européenne dans son ensemble) ainsi que le directeur du FMI, le président de la Banque mondiale, celui du Comité monétaire et financier international et enfin celui du comité de développement du FMI et de la Banque mondiale.
Le G8 est donc un cénacle où ne sont admis que les pays industrialisés invités à discuter des problèmes qui concernent le monde tels le numérique, les attentats ou bien les dettes. Le G20 est ouvert aux pays émergents avec qui la diplomatie est plus compliquée (la Chine, l'Arabie Saoudite par exemple) pour trouver des solutions à des problèmes économiques et financiers uniquement.
par Anne-Sophie Demonchy
Sources
- G8.fr, « Historique du G8 ».
- La France à l'Onu, « La présidence française du G20 ».
- Alain Faujas et Natalie Nougayrède, « Grignoté par les émergents, le G8 résiste », Le Monde, 26 mai 2011.
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