Portraits politiques · 6 juin 2011 à 21:50
Elle n'est pas candidate à la présidentielle et c'est sans doute ce qui lui a permis de se maintenir à la tête d'Europe Ecologie Les Verts. La motion de Cécile Duflot a obtenu 50,25 % des suffrages des militants. Lors du congrès de La Rochelle, elle a tout naturellement été reconduite au poste de secrétaire nationale d'EELV, poste qu'elle occupe chez les Verts depuis 2006.
Portrait.
Cécile Duflot est née le 1er avril 1975 à Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne. Sa mère est enseignante de physique-chimie dans une école catholique tandis que son père est cheminot. Ses parents sont tous deux syndiqués de la CFDT. Mais pour autant, Cécile Duflot ne s'intéresse guère à la politique dans sa jeunesse. Etudiante, elle passe un DEA de géographie puis intègre l'école de commerce l'Essec. Elle devient alors urbaniste.
Parallèlement, elle s'engage au sein de la Jeunesse ouvrière chrétienne et de la Ligue pour la protection des oiseaux. Elle fait partie de l'association du Genepi qui œuvre pour les détenus. Elle est écrivain public à la prison de la Santé à Paris. De cette enfance en banlieue dans un milieu modeste, elle cultive le goût pour la simplicité et le refus du parler comme du paraître politiques.
En 2001, elle adhère au parti des Verts et décide de se présenter aux élections municipales à Villeneuve-Saint-Georges, sa ville natale, toutefois, elle ne parvient à se faire élire conseillère municipale qu'en juin 2004.
En mars 2008, de nouveau, elle se présente aux élections municipales, en deuxième position, sur une liste unissant le PS, le MRC, le PRG et les Verts. La liste obtient 24,36 % et fusionne avec celle du Parti communiste pour finalement remporter l'élection. Cécile Duflot est nommée troisième adjointe au maire à l'urbanisme.
En 2003, Cécile Duflot est élue au collège exécutif des Verts puis devient porte-parole du parti en janvier 2005. L'année suivante, elle est nommée secrétaire nationale des Verts. Grâce à ce poste stratégique, elle espère pouvoir se présenter à l'élection présidentielle mais lors de l'investiture, elle ne recueille que 23,29% des suffrages face à deux grosses pointures du parti : Dominique Voynet et Yves Cochet.
Le 6 décembre 2008, avec 70,99% des voix, Cécile Duflot est reconduite au poste de secrétaire nationale des Verts.
Malgré cette élection, elle ne se présente pas aux élections européennes de 2009 alors qu'au cours de son premier mandat en tant que secrétaire nationale du parti, elle avait mis en place un rassemblement Europe Écologie. Elle permet ainsi aux écologistes des différentes sensibilités de se rassembler autour d'un même parti pour l'élection espérant ne pas renouveler les guerres intestines dont étaient victimes jusqu'alors les Verts. Pour montrer sa volonté de cohésion avec les différentes tendances, elle accepte de propulser Daniel Cohn-Bendit, le coprésident des Verts européens, comme figure de proue de la campagne. Cette stratégie est une véritable réussite puisque le parti Europe Ecologie-Les Verts recueille 16,28% des suffrages et 14 sièges, score identique à celui du PS.
Forte de ce succès, Cécile Duflot est tête de liste aux élections régionales en Île-de-France. Son programme écologique propose la création de 170 000 emplois verts, une carte orange à tarif unique pour toute la région afin d'encourager les plus éloignés de la capitale de se rendre à leur travail en transports en commun...
Finalement, au premier tour des élections en mars 2010, Europe Ecologie obtient 16,5% des voix. Pour le second tour, Cécile Duflot s'allie avec les socialistes. Elle est alors élue conseillère régionale. Parce que Les Verts n'autorisent pas le cumul des mandats, elle démissionne de son poste d'adjointe au maire de Villeneuve-Saint-Georges.
Le 29 mai 2011, les militants d'Europe-Ecologie sont appelés à voter pour élire le bouveau secrétaire national du parti écologiste devenu Europe Ecologie-Les Verts. Cécile Duflot est en tête de la première liste aux côtés de Pascal Durand (proche de Nicolas Hulot), Dominique Voynet (proche d'Eva Joly), Philippe Meirieu (président du parlement du parti). Daniel Cohn-Bendit mène la seconde liste avec à ses côtés José Bové, Alain Lipietz, l'eurodéputé Yannick Jadot... Finalement, la motion de Cécile Duflot obtient plus de 50% des suffrages lors des votes militants. Celle de Daniel Cohn-Bendit obtient 26,6% des voix. Pour marquer son opposition à ce choix, il refuse de se rendre au congrès de la Rochelle chargé de décider des nouvelles décisions à mettre en œuvre, expliquant qu'il remet en cause le refus du vote électronique alors que le vote papier est anti-écologique et soulignant le fort taux d'abstention. Il sous-entend que l'équipe de Duflot a verrouillé le vote afin de favoriser les anciens militants des Verts, au détriment des nouveaux électeurs d'Europe Ecologie.
Avec le succès de sa motion, Cécile Duflot a la garantie d'être élue une troisième fois à la tête du parti : elle recueille 92,7 % des votes des 600 délégués réunis lors du premier congrès fédéral à La Rochelle.
par Anne-Sophie Demonchy
*** Sources
- « Cécile Duflot: une perle rare chez les Verts », L'Express, 4 décembre 2008.
- Catherine Simon, « Cécile Duflot, l'ouverture en Vert », Le Monde, 19 janvier 2009.
- Liliana Alemagne, « Pour les écologistes, week-end de repos après les motions », Libération, 3 juin 2011.