L'ancien ministre de l'agriculture n'avait pas les pieds sur terre : 757 130 euros d'avion taxi

Le Canard enchaîné · 9 juin 2011 à 21:16

air Bussereau

Dominique Bussereau, aujourd'hui député de Charente-Maritime depuis son départ du gouvernement, est épinglé pour des frais d'avion-taxi exorbitants. Ces dépenses remonteraient à l'époque où il était ministre de l'Agriculture (de novembre 2004 à mai 2007). Le Canard enchaîné du 8 juin révèle qu'un rapport de l'Inspection générale de l'agriculture a calculé les frais de transports du ministre. Bussereau aurait dépensé 757 130 euros en avion-taxi durant son mandat « soit une moyenne mensuelle de 26 107, 93 euros ».

Dominique Bussereau se défend. Contacté par l'AFP, il affirme qu'il ne s'agit pas d'un « rapport officiel de l'Inspection générale de l'agriculture mais d'un document individuel rédigé par un inspecteur, par ailleurs élu socialiste ». Puisque l'auteur est socialiste, l'ancien ministre estime que l'interprétation qu'il fait dans le rapport est à charge : « éloignements de la règle républicaine observée dans des circonstances proches de la convenance personnelle ou encore en période électorale pour raccourcir les délais de retour dans la circonscription ( ...), ne sont pas considérés par la mission comme compatibles avec le devoir d'exemple qu'un responsable doit donner à ses troupes. »

Ce premier argument de Bussereau ne remet pourtant pas en cause la raison de cette note d'avion-taxi onéreuse. Aussi, tente-il une deuxième explication : « N'étant pas en haut du tableau gouvernemental, j'avais rarement droit aux avions de l'Etec (flotte gouvernemental), ce qui me conduisait à utiliser des avions-taxis. » Avec une moyenne de plus de 26 000 euros de frais par mois, on pourrait s'interroger sur la raison de ce montant. Mais Bussereau explique encore à l'AFP qu'il faisait « en moyenne deux à trois déplacements par semaine » afin de préparer la loi d'orientation agricole et gérer la crise de risque pandémique lié à la grippe aviaire. Selon lui, ses déplacements en avions-taxis étaient donc justifiés d'autant plus qu'à chaque fois, il aurait eu l'autorisation du cabinet du Premier ministre avant de pouvoir prendre des avions-taxis.

Si toutes les règles avaient été respectées comme le prétend Bussereau et qu'il n'a pas profité abusivement de ce type de déplacements onéreux, on se demande pourquoi le rapport de l'Inspection générale de l'agriculture, remis en 2008, a été mis de côté. C'est grâce à une élue socialiste demandant des comptes sur ce rapport au nouveau ministre de l'Agriculture, Bruno Lemaire, qui a nié son existence, que le Canard enchaîné s'est mis en quête de ce rapport compromettant. Les explications de Bussereau sur ces déplacements en avions-taxis rappellent celles du secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Christian Estrosi qui s'était déplacé en jet privé pour assurer. Lui aussi ne pouvait pas faire autrement...



*** Sources
- Alain Guédé, « Le ministre Bussereau s'envoyait en l'air », Le Canard enchaîné n°4728, mercredi 8 juin 2011. - « Dominique Bussereau épinglé par le "Canard" pour des frais d'avion », Le Monde avec l'AFP, 8 juin 2011.

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