François Baroin, portrait d'un ministre de l'Economie qui doit faire ses preuves

Enquête · 13 sep. 2011 à 23:25

Portrait de François Baroin

En pleine tempête financière et bancaire, François Baroin apprend son métier. A peine nommé ministre de l'Economie en remplacement de Christine Lagarde, il s'est fait taper sur les doigts cet été par l'économiste en chef de la Banque Centrale Européenne pour avoir annoncé des rachats de dette espagnole et italienne par la BCE, ce que l'institution s'était bien gardée d'annoncer, fidèle à sa volonté de préserver son indépendance. "C'était une déclaration irréfléchie. Cela tient peut être au fait que Baroin est nouveau à ce poste et qu'on doit encore mieux lui faire comprendre la séparation entre politique monétaire et politique fiscale" avait taclé un responsable de la BCE. Depuis, Baroin n'a plus commis de bourdes et tente, tant bien que mal, de rassurer les marchés sur la solidité des banques françaises.


Portrait d'un homme entré en politique complètement par hasard.

Origines et formation

Né le 21 juin 1965, François Baroin est issu d'une famille aisée et surtout proche du pouvoir, en particulier de Jacques Chirac. En effet, son père, Michel Baroin, a mené une double carrière dans les affaires et la politique. Grâce à Jacques Chirac, il est nommé sous-préfet, puis élu maire de Nogent-sur-Seine. Il entre comme chef de cabinet d'Achille Peretti du président de l'Assemblée nationale. Il est également grand-maître du Grand Orient de France et patron de la GMF et de la Fnac. Ami de Jacques Chirac qu'il a rencontré à Sciences-Po et proche de François Mitterrand, il a pu obtenir la Mission du Bicentenaire au moment où Chirac a été élu président. François, son fils, a pu être associé à ce dossier. Il fonde à cette époque l'association AD89 qui se veut un cercle de réflexion sur la Déclaration des droits de l'homme.
Côté études, François Baroin choisit d'abord les sciences de l'information puis intègre l'Institut supérieur de gestion. Alors que sa route semble toute tracée, un double drame familial change le cours de son existence. Sa sœur décède renversée par une voiture en 1986. Dix mois plus tard, son père a un accident mortel en avion. L'ami Chirac est auprès de la famille et décide de prendre sous son aile le fils, François Baroin.

Journaliste sur Europe 1

C'est presque par hasard que François Baroin devient journaliste. Invité sur le plateau d'Apostrophes en 1987, il présente le livre posthume de son père. Son intervention interpelle Jean-Pierre Elkabach, patron d'Europe 1. Il embauche aussitôt Baroin au service politique en tant que journaliste. L'aventure se poursuit jusqu'en 1992, au moment où Baroin est élu député de l'Aube après avoir adhéré au RPR.

Une terre d'élection : l'Aube

Comme son père, François Baroin choisit l'Aube, avec le parrainage de Jacques Chirac. Conseiller municipal de Nogent-sur-Seine depuis 1989, il se fait élire député en 1993 dans la 3e circonscription de l'Aube. A 28 ans, il est le plus jeune député de l'Assemblée nationale. Deux ans plus tard, il devient maire de Troyes et est élu président de l'Association des maires de l'Aube.

Le cadet du gouvernement Juppé

Fidèle à Jacques Chirac, en 1995, Baroin est porte-parole de la campagne présidentielle du candidat RPR. Il entre alors dans le gouvernement Juppé comme secrétaire d'État et porte-parole. Mais dès le premier remaniement, Baroin est mis sur la touche. Il devient alors chargé de mission à l'Élysée.

Après son départ du gouvernement, Baroin se replie dans son fief

François Baroin continue de faire sa percée dans l'Aube. En 2001, il est élu président de la Communauté d'agglomération de Troyes. Il demeure maire de la ville de Troyes. Parallèlement, Chirac lui propose le poste d'administrateur du musée du Président-Jacques-Chirac en Corrèze. Lors des législatives de 2002, Baroin est réélu député dans la 3e circonscription de l'Aube.

Ascension au sein de l'UMP

En 2002, Alain Juppé est le premier président du nouveau parti politique : l'UMP. François Baroin est alors nommé porte-parole du parti. Suite à la démission de Juppé, le 16 juillet 2004, condamné dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, Baroin devient le secrétaire général délégué du vice-président, Jean-Claude Gaudin, qui assure l'intérim à la tête du parti.
Entre 2002 et 2005, Baroin est également vice-président de l'Assemblée nationale. En novembre 2004, de nouvelles élections pour élire le nouveau président de l'UMP sont organisées. C'est Nicolas Sarkozy qui est élu. Malgré son attachement à Jacques Chirac, Baroin devient conseiller du nouveau président du parti.

Ministre de l'Outre-Mer puis de l'Intérieur (2005-2007)

En juin 2005, Baroin est de nouveau ministre, cette fois dans le gouvernement de Dominique de Villepin. Il est nommé à l'Outre-Mer. Il doit notamment gérer la crise autour de l'épidémie du chikungunya.
En mars 2007, Nicolas Sarkozy démissionne de son poste de ministre de l'Intérieur pour se consacrer à la campagne présidentielle. C'est Baroin qui assure la relève jusqu'à l'élection de Sarkozy. Aux législatives, Baroin est de nouveau élu député dans sa circonscription de l'Aube, dès le premier tour. L'année suivante, il est reconduit à la tête de la mairie de Troyes.

Ministre du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l'Etat (2010)

Pendant la première période du quinquennat de Nicolas Sarkozy, François Baroin est laissé à l'écart. Son attachement à Chirac est un véritable handicap pour lui. Il ne s'interdit pas d'intervenir dans les médias pour évoquer l'ancien président toujours en des termes élogieux et ne manque pas de tacler les choix de Sarkozy. Il dénonce ainsi la réforme de la taxe professionnelle, la réforme des collectivités territoriales, la nouvelle procédure de désignation des présidents de l'audiovisuel public et l'ouverture.
C'est l'affaire Woerth/Bettencourt et le départ du gouvernement d'Eric Woerth qui relancent Baroin. Lors du remaniement ministériel du 22 mars 2010, il est nommé à sa place ministre du budget. Moins affuté sur les questions techniques que son prédécesseur, Baroin tente de rassurer les hauts fonctionnaires du ministère en les convoquant à une vingtaine de « réunions d'immersion » : effectifs de fonctionnaires, finances des collectivités locales, aide au développement, tous les sujets y passent. Lors du remaniement ministériel du 14 novembre 2010, Baroin conserve son portefeuille et est également promu porte-parole du gouvernement.
Le 29 mai 2011, le ministre de la Fonction publique, Georges Tron, accusé de viol et agression sexuelle par deux anciennes employées de la commune de Draveil, est obligé de démissionner. C'est François Baroin qui récupère en plus du Budget, le portefeuille de la Fonction publique. Quelques jours plus tard, le 6 juin 2011, il présente devant l'Assemblée nationale la réforme de l'ISF qui prévoit de supprimer cet impôt pour 300 000 contribuables ainsi que le bouclier fiscal.

Ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie

Le 18 mai 2011, Dominique Strauss-Kahn est arrêté, accusé d'agression sexuelle à New York. Obligé de démissionner de son poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI), il cède son poste à Christine Lagarde, élue directrice du FMI le 28 juin 2011.
Le 29 juin, elle quitte ses fonctions de ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. Trois ministres souhaitent récupérer son ministère : Valérie Pécresse, Bruno Le Maire et François Baroin. Pour Nicolas Sarkozy et François Fillon, Bruno Le Maire est la personne la plus à même de remplacer Christine Lagarde. Pourtant quelque temps après avoir annoncé leur volonté de nommer Le Maire ministre de l'Economie, c'est finalement Baroin qui est choisi. Ce revirement est uniquement dû à un chantage du ministre du Budget qui a menacé de démissionner si on lui refusait l'Economie. Fillon comme Sarkozy ont tous deux accepté de céder. Moins expérimenté que Lagarde et peu à l'aise en anglais, Baroin doit faire ses preuves. Dans un premier temps, l'objectif du ministre de l'Économie est de se concentrer sur la « diplomatie financière » de la France à Bruxelles.


par Anne-Sophie Demonchy



*** Sources
- Philippe Lançon, « François Baroin. Jeune homme lisse qui a percé », Libération, 22 mai 1995.
- Gaël Tchakaloff, « Le portrait de François Baroin », Le Nouvel Economiste, 21 janvier 2005.
- « PORTRAIT - François Baroin, un chiraquien en Sarkozie », Le Point.fr, 22 mars 2010.
- Thierry Fabre, « François Baroin, ministre du Budget », Challenges.fr, 1er juin 2011.
- Guillaume Tabard, « Tournis ministériel », Les Echos, 29 juin 2011.
- « Un responsable de la BCE tape sur les doigts de François Baroin », AFP-NouvelObs, 20 août 2011.



>> Quand François Baroin considérait la fonction de ministre comme secondaire

Baroin, ministre

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