Le Canard enchaîné · 15 fév. 2012 à 23:23 · 0
Fin du faux suspense : Nicolas Sarkozy est candidat à l'élection présidentielle. Il l'a annoncé au 20h de TF1. Un non événement qui a pourtant mobilisé journalistes et éditorialistes toute la journée de ce mercredi 15 février. Mais quel est l'enjeu ? Dans les derniers sondages, Nicolas Sarkozy semble irrémédiablement distancé par François Hollande au second tour : 57% contre 43% pour le président sortant. Mathématiquement, l'affaire est pliée. A deux mois de l'élection, aucun candidat n'a jamais réussi à refaire un retard aussi important dans l'histoire de la Ve République. Et pourtant, Nicolas Sarkozy y croirait encore.
Quelle stratégie compte-t-il appliquer pour inverser la tendance ? En lisant la page 2 du Canard enchaîné et les propos rapportés de Sarkozy à ses collaborateurs, on en a une petite idée. Du moins l'idée de ce que Sarkozy et ses collaborateurs souhaitent transmettre comme message.
"Ne vous croyez pas dans une citadelle assiégée. Le monde n'est pas seulement peuplé de salauds qui nous détestent", aurait-il déclaré le 14 février lors du petit déjeuner des dirigeants de la majorité. Un proche, cité de manière anonyme par Le Canard explique : "Sarkozy n'est pas loin de penser qu'il a perdu. Mais comme c'est un battant et un joueur, il joue le tout pour le tout. Il mise sur le noir, suivant ainsi aveuglément la ligne définie par Patrick Buisson. Lequel estime que Sarko doit encore piquer au moins 4 points à Marine Le Pen, sans quoi il est perdu".
Fini la stratégie à la Gerhard Schröder qui avait imposé une réforme très dure du système social, Sarkozy veut désormais s'inspirer de la campagne de Bush en 2004, lequel s'était adressé avant tout aux "rednecks", c'est-à-dire les "ploucs". Traduction dans la bouche de Sarkozy : "En posant la question du chômage et de l'immigration, je suis au cœur du sujet : 30% des immigrés (non européens) sont au chômage, et les Français considèrent, à tort ou à raison, qu'ils bénéficient le plus de l'assistanat. En proposant des référendums sur ces questions, je redonne la parole au peuple. Je me place du côté du peuple, contrée les élites".
S'agissant du timing, Sarkozy reconnaît avoir décidé d'accélérer son entrée en campagne : "Je suis obligé de me déclarer plus tôt car, autrement, je n'aurai pas le temps de faire toutes les émissions que j'ai programmées. Je vois bien que j'ai du retard. Que je ne pourrai pas le combler en un seul mois de campagne. On a sous-estimé Hollande", aurait-il déclaré à des proches. Et Sarkozy y croit encore : "J'ai une niaque d'enfer, a-t-il poursuivi. Je vais me battre comme un mort de faim. Hollande, je ne vais pas le laisser respirer. Ce sera trois idées nouvelles par jour. Il ne va pas comprendre ce qui lui arrive, et je vais le mettre en charpie. Avec tout ce que je vais lui faire, dans un mois, si on se rencontre dans un dîner, comme l'autre soir au Crif, il sera tellement groggy qu'il n'osera plus venir me serrer la main".
Un optimisme que ne partagent pas François Fillon et Jean-François Copé d'après Le Canard. Ces derniers se livrent à une bataille souterraine pour le contrôle de l'UMP en vue de la présidentielle 2017.
*** Source
- Page 2 du Canard enchaîné n 4764, 15/02/2012
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