Le Canard enchaîné · 7 mar. 2012 à 23:28 · 0
La première préoccupation des Français ? Pas le chômage, ni le pouvoir d'achat. Les Roms voleurs de poule peut-être ? Pas encore mais ça va venir, patience. Non, aujourd'hui, la première préoccupation des Français est la viande halal. Une polémique lancée par Marine Le Pen et reprise à la volée par Nicolas Sarkozy. Ironie de l'histoire, au moment même où Sarkozy propose un renforcement des contrôles de la viande halal, un décret était publié pour assouplir les contrôles... de la volaille !
Une histoire de dinde, racontée (forcément) par Le Canard enchaîné.
Dans son édition du 7 mars, l'hebdomadaire explique que Nicolas Sarkozy vient de faire "un joli cadeau aux industriels de la volaille". Les abattoirs pourront désormais couper le cou des poulets, dindes et autres canards sans aucun contrôle sanitaire de l'Etat. Une formidable nouvelle possible grâce au décret du 9 février 2012, passé totalement inaperçu. Et pour cause : son intitulé est très obscur. Selon ce texte "relatif à un projet pilote dans le domaine du contrôle de la production de viande dans les abattoirs de volailles et de lagomorphes" (des lapins), "le vétérinaire officiel n'est pas présent de façon permanente dans ces abattoirs". Traduction : les entreprises se délivreront à elles-mêmes un brevet de bonne conduite.
Concrètement, explique Le Canard, "les contrôleurs seront choisis parmi les ouvriers des entreprises, après formation auprès d'organismes privés habilités par le ministère". "Bon courage à celui qui devra expliquer à son patron que la rentabilité passe après la santé des consommateurs", ironise un syndicaliste interrogé par l'hebdomadaire. Jusqu'à présent, c'était l'Etat qui assurait ce contrôle qui s'est traduit en 2011 par le retrait de la vente de 415 000 volailles sur 34 millions de poulets abattus. Des chiffes loin d'être négligeables.
Avec la fin d'un contrôle sanitaire par l'Etat, doit-on s'attendre à une baisse de la vigilance ? C'est ce que craint un rapport publié le 16 février et cité par Le Canard enchaîné : "certains industriels pourraient abuser de la situation en dégradant les exigences de contrôle". Pire, le fameux décret du 9 février pourrait s'étendre à l'abattage de porcs et de veaux. En un mot, ça va saigner. Et c'est un Canard qui le dit.
*** Source
- Brigitte Rossigneux, "Le self-contrôle de la volaille", Le Canard enchaîné n°4767, 07/03/2012
*** Liens
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