Le Canard enchaîné · 14 mai 2012 à 07:01 · 0
Aimez-vous les dérivés de l'acétylène ? A priori oui, si on regarde de près les chiffres de la consommation d'ananas en France. Selon Le Canard enchaîné, chaque Français avale 1,3 kilo par an d'ananas. Pour répondre à cette demande croissante, les industriels ont donc mis au point un "nouvel ananas" : le Sweet, produit principalement au Costa-Rica. Plus sucré, plus résistant aux chocs et au transport, il est aussi plus rentable (donc moins cher). On peut en produire 70 tonnes par hectare contre seulement 35 tonnes pour les variétés venant d'Afrique. Autant dire qu'avec une telle productivité, les prix de l'Ananas Sweet sont imbattables.
Sauf que selon Le Canard enchaîné, l'Ananas Sweet contient de l'éthéphon, "un dérivé synthétique de l'acétylène". "Aspergé quelques jours avant la cueillette, l'acide chloro-2-éthylosphonique pénètre dans la plante et migre dans les tissus, où il est progressivement décomposé en éthylène, qui accélère la coloration des fruits, ce qui permet de cueillir les ananas plus tôt, pour qu'ils durent plus longtemps dans les rayons, tout en faisant croire aux consommateurs qu'ils sont mûrs à souhait", raconte l'hebdomadaire. Seul souci : le magazine Que choisir (avril 2012) a démontré qu'il y avait des résidus d'éthéphon dans... 86% des échantillons testés. Pire : "sur 21 ananas achetés en supermarché, en épicerie ou au marché, deux échantillons sont carrément dans le rouge, avec des dépôts d'éthéphon qui explosent de deux à cinq fois la limite maximale, la fameuse LMR", poursuit Le Canard.
Quel rapport avec la politique ? En 2009, l'Union Européenne a eu la bonne idée... de relever le seuil de sécurité de l'éthéphon. En clair, le consommateur a le droit d'avaler des ananas qui contiennent quatre fois plus d'éthéphon qu'avant. Pour l'Agence européenne de sécurité des aliments, qui assure être hermétique au lobbying des industriels, il n'y aurait aucun problème. Mais pour le magazine Que Choisir et Le Canard enchaîné, l'assouplissement de la règle répond surtout à des considérations purement commerciales : "avec l'ancienne norme, ce n'est pas 10% des ananas analysés qui se seraient retrouvés hors des clous, mais bien un tiers !" Vous reprendriez bien un peu d'éthéphon en dessert ?
*** Source
- "Ananas Split", Le Canard enchaîné n°4776, rubrique "Conflit de canard", 09.05.2012