Jean-Marc Ayrault, portrait du nouveau Premier ministre

Portraits politiques · 16 mai 2012 à 07:01 · Commentaires 0

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre

Depuis 1997, Jean-Marc Ayrault était le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Maire de Nantes, cet ancien professeur d'allemand est un proche de François Hollande qui en a fait son Premier ministre.

Mais qui est-il vraiment ? Portrait.

Origines et formation

Jean-Marc Ayrault est né le 25 janvier 1950 à Maulévrier dans le Maine-et-Loire. Son père était ouvrier dans une industrie textile, qui a été reprise plus tard par l'un de ses frères. Aîné des 5 enfants, Jean-Marc Ayrault est issu d'une famille catholique où le travail et la rigueur constituent les principales vertus. Il vient donc d'un milieu progressiste mais plutôt conservateur sur le plan des valeurs.
Très tôt, Jean-Marc Ayrault s'engage : d'abord au sein du Mouvement rural de la jeunesse chrétienne (MRJC) à Maulévrier, sa ville natale qui s'étend entre Nantes, Angers et Cholet. Par la suite, il rejoint la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), puis l'Action catholique ouvrière (ACO) avant d'adhérer au Parti Socialiste au lendemain du congrès d'Epinay en 1972. C'est lors de ses années de militant qu'il rencontre sa femme, originaire de Maulévrier, qui deviendra enseignante comme lui. Après des études secondaires au lycée de Cholet, il obtient une licence d'Allemand à la faculté de Nantes. L'année suivante, il passe le concours du CAPES pour devenir enseignant d'allemand. Sa carrière d'enseignant débute en 1973, au lycée de Rezé puis de Saint-Herblain.

Maire à 27 ans, député à 36 ans

Parallèlement à sa carrière d'enseignant, Jean-Marc Ayrault milite au Parti Socialiste. Cinq ans après son entrée au PS, il parvient à se faire élire maire de la ville de Saint-Herblain, jusque là détenu par le RPR. En 1977, à 27 ans, il devient donc le plus jeune maire de France d'une commune de plus de 30 000 habitants.
Neuf ans plus tard, lors des législatives de 1986 qui voient la victoire de la droite de Jacques Chirac, Jean-Marc Ayrault parvient à se faire élire député.
Trois ans plus tard, il poursuit son ascension politique en renonçant à la mairie de Saint-Herblain pour se présenter aux municipales à Nantes, ville détenue par la droite. Il remporte ses élections et va faire de la mairie de Nantes sa carte de visite pour un destin national. Après la fermeture des chantiers navals en 1986, Nantes cherchait un nouveau souffle. Depuis 1989, Jean-Marc Ayrault a considérablement changé le profil de la ville. Réélu trois fois à la tête de cette métropole régionale, il peut se vanter d'avoir un bilan local très positif au point d'étouffer toute opposition. La droite peine à attaquer le bilan du maire. En 2001, il a même été réélu dès le premier tour, événement très rare pour une agglomération de cette taille.

Président de groupe et maire : une organisation méthodique

Parallèlement à sa légitimité locale, il entame une carrière nationale en intégrant le bureau exécutif du Parti Socialiste. En 1997, brillamment réélu dans sa circonscription, Jean-Marc Ayrault est nommé président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale en raison de son sérieux et de son enracinement local. A ce poste, il se montre exemplaire : travailleur, à l'écoute, il fait l'unanimité au sein du groupe des députés socialistes même si on lui reproche son caractère trop lisse.
Entre la mairie de Nantes, la présidence du groupe socialiste à l'Assemblée et le travail au bureau politique du PS, il faut une organisation millimétrée. Ainsi, il partage son temps entre Nantes et Paris et travaille en équipe. Tous les mardis matin, à bord du TGV Nantes-Paris, il travaille avec ses collaborateurs sur les dossiers de la mairie. Une fois arrivés à Paris, ces derniers repartent aussitôt vers la Loire-Atlantique.
A force de cumuler les fonctions, Jean-Marc Ayrault doit cumuler les équipes : il compte une vingtaine de collaborateurs pour la gestion de la mairie, une dizaine pour la gestion de la communauté de commune "Nantes Métropole" et une quarantaine pour la politique nationale à Paris. Autrement dit, Jean-Marc Ayrault dispose de près de 70 fidèles collaborateurs travaillant pour lui.

Une timidité et une distance qui l'handicapent sur la scène nationale

Bosseur, Jean-Marc Ayrault est aussi très austère, voire distant. Il est plus à l'aise dans les réunions de travail que dans les manifestations publiques ou dans les meetings. Ces partisans relèvent une timidité de caractère, d'autres, plus acerbes, parlent plutôt d'un manque de charisme.
Jusqu'à président, il devait sa réussite à une gestion de proximité : dans la ville de Nantes, il se tient au courant de tout et ses équipes sont chargées de prendre en compte toutes les demandes et les réclamations des habitants. Jean-Marc Ayrault est donc un notable local reconnu.
Sur la scène nationale, c'est plus compliqué. Après 10 ans de présidence du groupe socialiste et alors que les députés souhaitaient un renouvellement des cadres pour traduire le besoin de rénovation, Jean-Marc Ayrault a réussi à se faire réélire pour cinq ans à la tête des députés socialistes en juin 2007. En échange, il avait promis de mener une profonde rénovation politique du PS, à commencer par la formation d'un cabinet fantôme, l'équivalent d'un gouvernement fictif chargé de faire des contre-propositions au gouvernement Fillon. L'objectif était de bâtir une opposition active et constructive à l'Assemblée nationale.Mais six mois après sa constitution, le contre-gouvernement était déjà mort-né.

Premier ministre de François Hollande en 2012

Réélu maire de Nantes en 2008, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault est un proche de François Hollande. En 2007, il avait apporté très tôt son soutien à Ségolène Royal au point qu'on évoquait sa nomination au poste de Premier ministre en cas de victoire de la candidate à la présidentielle en 2007. Cinq ans plus tard, Ayrault, plutôt discret pendant la campagne de François Hollande, vient d'être nommé Premier ministre.

Commentaires