Questions d'actualité · 15 juin 2012 à 19:26 · 0
34. C'est le nombre de triangulaires lors du deuxième tour des élections législatives de juin 2012. Mais qu'appelle-t-on une triangulaire ? Pourquoi ne reste-t-il pas automatiquement que deux candidats au deuxième tour, comme pour l'élection présidentielle ? Explications.
A la différence de l'élection présidentielle où seuls les deux candidats arrivés en tête sont qualifiés, il n'y a pas de limite de candidats pour le second tour des élections législatives. Selon le code électoral, les deux candidats ayant obtenu le plus de voix au premier tour des législatives sont qualifiés pour le deuxième tour. Logique. Mais d'autres candidats peuvent se maintenir s'ils ont obtenu un score supérieur à 12,5% des inscrits. Voilà pourquoi dans certaines circonscriptions, il peut y avoir trois candidats au second tour (c'est ce qu'on appelle une triangulaire), voire quatre candidats (quadrangulaire).
Le code électoral indique que la barrière pour se maintenir au second tour est fixée à 12,5% des inscrits, c'est-à-dire tous les citoyens qui sont sur inscrits les listes électorales. Or, comme tous les électeurs ne se déplacent pas pour aller voter, il faut tenir compte de l'abstention pour connaître le pourcentage de voix nécessaire pour se qualifier. Ainsi, avec un taux de participation de 80%, pour franchir la barre fatidique des 12,5% des inscrits, un candidat devra obtenir... environ 15% des voix. Et moins il y aura de votants, plus il devra réaliser un score élevé pour se qualifier. Avec un taux de participation de 60%, un candidat devra obtenir environ 21% des voix pour se maintenir. Avec un taux de participation de 50%, il faut 25% des suffrages.
Avec un tel système, il est donc difficile de prévoir à l'avance combien de candidats seront qualifiés au second tour d'une élection législative. Une incertitude qui peut expliquer les défaites et les échecs surprises. Mais pourquoi le code électoral n'a-t-il pas imposé la qualification de seulement deux candidats comme pour l'élection présidentielle ?
Ce système un peu complexe a été mis en place pour compenser l'absence de scrutin proportionnel aux élections législatives. La logique de l'élection d'une assemblée voudrait que lorsqu'un parti obtient 15% des voix, il ait 15% des députés. Mais ce système proportionnel n'existe pas pour éviter l'instabilité gouvernementale (il faudrait que plusieurs partis s'allient pour former une majorité). Avec un scrutin à deux tours, les deux plus grands partis (PS et UMP) sont donc favorisés. Les triangulaires sont censés compenser, un peu, cette bipolarisation.
Le nombre de triangulaires varie en fonction de l'abstention, de la dynamique des autres partis politiques et des alliances de second tour. En 2007, par exemple, il n'y avait eu qu'une seule triangulaire contre 10 en 2002, 79 en 1997, 15 en 1993 et 11 en 1988. En 2012, le nombre de triangulaires s'élève à 34.
Le maintien ou non d'un troisième candidat joue souvent un rôle décisif dans le résultat final. C'est souvent la droite qui est désavantagé par une triangulaire avec le maintien du candidat FN. Illustration concrète : dans une circonscription, un candidat PS obtient 34%, un candidat UMP 29% et un candidat FN 19%. Si la barrière pour se maintenir au second tour est supérieure à 19%, il n'y aura pas de triangulaire et la droite a bonne chance de l'emporter vu qu'elle est majoritaire. En revanche, si le candidat FN peut se maintenir, le PS a des chances de l'emporter. D'où l'importance des alliances et des désistements des candidats arrivés troisième.
*** Sources
- Code électoral, Conseil-constitutionnel.fr
- C. Dabas, "Législatives : qu'est-ce qu'une triangulaire ?", Lexpress.fr, 11.06.2012
- P. Jaxel-Truer et A. Mestre, "34 triangulaires et quelques accrocs aux consignes", Le Monde, 13.06.2012