Le Canard enchaîné · 20 sep. 2012 à 07:05 · 0
C'est un beau cadeau que s'est offert le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Un beau cadeau financé... par les contribuables. Selon Le Canard enchaîné, pendant quatre mois, le Quai d'Orsay va abriter neuf toiles de maître : deux Renoir ("Jeune femme à la rose" et "Portrait de Madame Joseph Le Cœur"), un Jules-Elie Delaunay ("Madame George Bizet"), un Alexandre Cabanel ("La comtesse de Keller"), un Paul Baudry, un Léon Bonnat, un Walter Crane et un John Singer Sargent. Des tableaux prêtés par le musée d'Orsay et installés dans les deux principaux salons du ministère qui mènent au bureau de Fabius, jusqu'au 31 décembre 2012.
Pourquoi un tel "prêt exceptionnel" ? Contacté par Le Canard, un responsable du musée a expliqué, sans rire, que "M. Fabius a eu cette idée pour attirer l'attention des visiteurs sur l'exposition "L'impressionnisme et la mode", qui démarre le 25 septembre au musée d'Orsay". Quels visiteurs ? Les chefs d'Etat étrangers ? Non, les visiteurs des Journées du patrimoine. Fabius s'en est d'ailleurs vanté sur I>Télé : "La diplomatie, ce n'est pas simplement la diplomatie stratégique, comment on essaye d'avancer en Syrie ou ailleurs, c'est aussi le rayonnement économique et le rayonnement culturel. Et la peinture française, de même que la langue française, de même que la science française, ça fait partie de la diplomatie", a-t-il déclaré.
Sauf que les journées du patrimoine ne durent que deux jours... et l'exposition privée s'étend sur quatre mois. Pourquoi une telle durée ? En réalité, Fabius, "issu d'une famille d'antiquaire et premier actionnaire d'une importante étude de commissaires-priseurs", est un passionné de la peinture du XIXe siècle, et plus particulièrement des impressionnistes et néo-impressionnistes.
Une passion touchante... mais qui a un coût. Car les tableaux ont beau avoir été prêté par le musée, leur installation, elle, a été prise en charge par le ministère des Affaires étrangères. Et la note pour les contribuables est salée d'après Le Canard : "entre la fabrication des fournaises pour accrocher les tableaux, le recours à un architecte-scénographe et le dispositif de sécurité, il y en a déjà pour quelque 40 000 euros. A quoi il convient d'ajouter 10 000 euros environ pour l'installation et le montage par une entreprise spécialisée, puis encore 5 000 euros pour le livret destiné aux visiteurs VIP, sans parler de quelques menus frais". Montant total de la facture ? 85 000 euros. En ces temps de restriction budgétaire, une suggestion s'impose : et si on lui demandait de rembourser ?
*** Sources
- C. Nobili, "Fabius se prend pour le garde des pinceaux", Le Canard enchaîné n°4795, 19.09.2012
- Laurent Fabius ouvre les portes du Quai d'Orsay, I>Télé, 15.09.2012