Revue de presse · 2 oct. 2012 à 07:10 · 0
On pressentait leur profil, on en a enfin confirmation. Le site d'information Mediapart s'est procuré la liste des riches donateurs de l'UMP, regroupés au sein de ce qu'on appelle le Premier cercle. Parmi les 544 membres de ce club VIP qui a financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, Mediapart note "la surreprésentation de la haute finance, notamment des banques (Goldman Sachs), des fonds d'investissement et des hedge funds, en lien avec des paradis fiscaux (...) La part des “délocalisés” du fisc français, installés en Suisse, en Belgique ou à Londres, saute également aux yeux".
Petite plongée au cœur du financement de l'UMP.
La liste date de 2007 mais donne une idée assez précise des soutiens de Sarkozy. Pour faire partie du Premier cercle, il fallait verser au minimum 3000 euros (3500 euros aujourd'hui). Les dons pouvaient aller jusqu'à 7 500 euros (maximum fixé par la loi) à quoi pouvait s'ajouter un don direct au candidat à la présidentielle, pour un montant maximal de 4 500 euros. "À eux seuls, les 544 membres du Premier cercle ont ainsi versé tout à fait légalement, en 2007, au minimum 1,6 million d'euros dans les caisses de l'UMP", explique Mediapart. En adhérant au Premier cercle, le donateur bénéficie d'un certain nombre d'avantages, à commencer par un accès privilégié aux responsables politiques de l'UMP. Des ministres mais aussi Nicolas Sarkozy ont participé à des rencontres avec les membres du Premier cercle.
Alors qui faisait partie du Premier en cercle en 2007 ? On trouve des grands patrons d'entreprise (de Vivendi à Peugeot en passant par Capgemini, Accor). Plus du quart des membres du Premier cercle (140 personnes) résident à l'étranger dans des pays où la fiscalité est moins lourde qu'en France. Parmi eux, on trouve notamment un milliardaire russe installé à New York et un PDG d'un grand groupe pétrolier.
Le monde de la finance est également très bien représenté au sein du Premier cercle : on y trouve des cadres des grandes banques (notamment Lazard, Rothschild, HSBC). Trois hauts responsables de Lehman Brothers font également partie du Premier cercle. Mais c'est surtout la banque Goldman Sachs qui semble avoir investi dans l'UMP : "nous avons pu recenser pas moins de huit responsables de la banque dans la liste des membres du Premier Cercle", indique Mediapart. Est-ce un hasard ? Une convergence de convictions personnelles ? Ou un authentique lobbying d'un géant mondial de la finance". Enfin, la liste des membres du Premier cercle comprend de nombreux exilés fiscaux et des grandes familles d'industriels.
Au-delà des noms propres, donnés par Mediapart, c'est bien évidemment le profil de ces riches donateurs qui peut paraître gênant. Contactés par Mediapart, Dominique Dord et Éric Woerth, l'actuel et l'ancien trésorier de l'UMP, n'ont pas voulu répondre aux questions. L'actuel trésorier s'est agacé : "Vous jetez des noms en pâture. La liberté d'opinion, ça existe ! Le secret de l'isoloir aussi". Un silence gêné, doublé d'une menace de poursuites judiciaires. "Un avocat de l'UMP s'est manifesté auprès de Mediapart pour faire savoir qu'il envisageait de saisir la justice si nous venions à publier la liste", indique le site d'information. C'est ce qu'on appelle la transparence du financement de la vie politique.
*** Source
- Fabrice Arfi, Mathilde Mathieu et Karl Laske, "Argent de l'UMP : la liste secrète", Mediapart, 25.09.2012