Revue de presse · 10 oct. 2012 à 07:05 · 0
Pas d'appels d'offres, aucune mention de ses dépenses dans les rapports consacrés au budget de l'Assemblée. Et pourtant, au cours de la dernière législature, l'Etat a bien payé 435 400 euros de média training pour des députés désireux de s'entraîner à l'interview face caméra ou d'améliorer leur diction ou leur gestuelle pour intervenir dans l'hémicycle.
435 400 euros aux frais de l'Etat alors que les députés ont déjà un revenu substantielle (jusqu'à 9 700 euros brut par mois), une enveloppe pour les frais de mandat (6 209 euros) et une autre pour payer des collaborateurs (9 066 euros) ? C'est Mediapart qui a révélé ce chiffre tabou. Si ces formations existent depuis 1979, certains députés ne sont même pas au courant de leur existence : "Jamais entendu parler ! " s'est par exemple agacé le centriste Charles de Courson, interrogé par Mediapart. Cet ancien conseiller à la Cour des comptes et partisan d'un contrôle accru sur les dépenses des élus était même particulièrement remonté contre cette information : "Plutôt que de payer des trainings pour plateaux télé, on ferait mieux de former les parlementaires au processus de fabrication de la loi. Certains en auraient bien besoin", a-t-il déclaré.
Contactée par Mediapart, l'Assemblée a fait savoir qu'elle venait de mettre fin à ses médias training. "La décision a été prise par les trois députés-questeurs (les argentiers de la maison) à la fin juillet, alors qu'ils passaient au crible les charges du Palais-Bourbon, à la demande du nouveau président de l'Assemblée, Claude Bartolone (PS)", indique le site d'information.
Jusqu'à présent, pour financer ces médias training, l'Assemblée mettait à la disposition de chaque groupe parlementaire une enveloppe en fonction du nombre de députés : "le patron des députés UMP avait le droit d'offrir jusqu'à 66 séances par an à ses troupes (à 1 900 euros maximum la séance), contre 43 pour les socialistes (alors dirigés par Jean-Marc Ayrault), 5 pour les communistes et verts, 5 pour le Nouveau centre, et 2 pour les « non-inscrits »", précise Mediapart. A charge pour les groupes parlementaires de choisir le prestataire extérieur, sans aucun appel d'offre. Au nom de la transparence, sans doute ?
*** Source
- Mathilde Mathieu, "L'Assemblée a payé des séances de media training aux députés", Mediapart, 09.10.2012