Clic droit, clic gauche · 25 déc. 2012 à 11:31 · 
0
Avait-on besoin de dépenser 50 000 euros pour changer le site web de l'Elysée ? C'est la question qu'on peut se poser après la mise en ligne de la nouvelle version du site Elysee.fr dans la nuit du 17 au 18 décembre 2012. Pourtant, la plupart des sites de presse ayant relayé l'information ne se sont pas interrogés sur ce coût et se sont contentés de reprendre la communication de l'Elysée.
Le nouveau site ? "Low cost" et "made in France" (Liberation.fr), "à bas coûts" (Challenges.fr), "centré sur l'information" (Lefigaro.fr), "plus interactif" (Lacroix.com). A l'origine de tous ces articles très positifs, la cellule communication de l'Elysée, qui s'est rendue particulièrement disponible auprès des médias. Les coresponsables de la cellule web de l'Elysée, Romain Pigenel et Frédéric Giudicelli, se sont par exemple entretenus avec l'AFP. Claudine Ripert-Landler, conseillère communication du président, a répondu au Figaro.fr.
Que faut-il retenir de la nouvelle version du site ? Elle a d'abord été réalisée "avec un budget serré", précise Pigenel à l'AFP. La preuve ? "Nos effectifs sont passés de huit à six personnes, tout en intégrant deux ingénieurs responsables de la technique." "En internalisant la partie technique du site, nous avons divisé par quatre les coûts de maintenance", a assuré pour sa part Frédéric Giudicelli. Combien a coûté cette refonte ? "L'Élysée a confié le design, l'accessibilité et l'hébergement de son nouveau site à des entreprises extérieures, pour un budget de "50 000 euros", précise Lefigaro.fr. Tout le reste a été réalisé en interne. Avec des technologies françaises : "Même la police d'écriture du site est de conception française, elle est l'œuvre de Jean-François Porchez, un des plus grands typographes français", insiste Pigenel. Mais pourquoi avoir changé le site ? "Pour en faire «un média d'information en continu» sur la présidence de la République et non un simple site institutionnel", a expliqué Ripert-Landler au Figaro.fr. Voilà pour les éléments de langage.
Au-delà des descriptifs dupliqués à l'identique sur les sites de presse (avec la place accordée à la chronologie placée au centre du nouveau site), force est de constater que le site apparaît moins pratique en terme de navigation, et plus noir s'agissant du graphisme. Illustration avec la visite de François Hollande en Algérie.
Quand on clique sur l'article en Une, une boite de dialogue s'ouvre sur fond noir.
Et quand on clique sur le discours par exemple, un nouveau cadre s'ouvre. Le texte n'est alors que sur 1/3 de votre écran. Pas vraiment ergonomique...
On peut surtout s'interroger sur l'opportunité d'une nouvelle version du site. La dernière remontait à mars 2010. Elle s'inspirait très fortement du site de la Maison blanche de Barack Obama.
A l'époque, le nouveau site de l'Elysée avait coûté 100 000 euros. La visite 3D de l'Elysée était l'une des innovations du site. Et en janvier 2011 sortaient les applis iPhone et iPad. Tout ceci est donc passé à la trappe avec la nouvelle version. Les applis ont été supprimées (le nouveau site s'adapte directement aux mobiles et aux tablettes), la visite 3D a disparu et les archives de la présidence Sarkozy ont été effacées (la plupart des liens renvoient vers des pages "erreur 404"). Même si le nouveau site n'a couté "que" 50 000 euros, était-il nécessaire de dépenser cette somme pour aboutir à ce résultat ? Rien n'est moins sûr.
*** Sources
- B. Ferran, "L'Élysée lance son nouveau site, centré sur l'information", Lefigaro.fr, 19.12.2012
- Julien Duriez, "L'Élysée lance un nouveau site plus interactif", La-croix.com, 18.12.2012
- "L'Elysée s'offre un nouveau site "made in France" et à bas coûts", Challenges.fr, 18.12.2012
- "L'Elysée lance un nouveau site internet low cost et made in France", Libe.fr, 17.12.2012
- Nicolas Furno, "L'Élysée a son application iOS", Igeneration.fr, 27.01.2011
