Revue de presse · 10 jan. 2013 à 06:47 · 
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Fallait-il dire que la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, avait passé les vacances de Noël dans l'Océan indien alors que son voyage relève de la vie privée et n'a pas mobilisé les moyens de l'Etat ? C'est la question que soulève la mini-polémique de ces derniers jours.
Tout commence mardi 8 janvier. Sur NRJ 12, le journaliste Jean-Jacques Bourdin affirme qu'il va poser une question gênante à la ministre de la culture, qu'il doit recevoir vendredi 11 janvier sur BFM/RMC. De quoi s'agit-il ? Bourdin explique qu'il compte demander à la ministre si elle a passé ses vacances à l'Île Maurice : "J'aimerais savoir si c'est vrai ou pas. Aucun journaliste pour l'instant ne lui a posé la question. Moi, je la reçois vendredi, je lui poserai la question", a déclaré Bourdin. N'est-ce pas une question relevant de la vie privée ? "Quand le président de la République demande aux ministres de rester à deux heures de Paris, ce n'est plus de la vie privée", s'est justifié le journaliste.
Contacté par Le lab d'Europe 1 mercredi 9 janvier, le cabinet de Filippetti est catégorique : "Non, elle n'est pas allée à l'Île Maurice". Sauf que dans l'après-midi, le site de Voici publie trois photos de la ministre sur une plage de l'Île Maurice, des photos qui auraient été prises le 22 décembre 2012. En clair, le cabinet de la ministre a menti.
Finalement, en fin de journée, Aurélie Filippetti a reconnu qu'elle s'était bien rendue à l'Île Maurice. "Ce voyage m'a été offert par mon compagnon. Dès que j'ai connu la teneur de ce cadeau, j'en ai averti le président de la République, qui m'a autorisée à partir", a-t-elle expliqué tout en assurant avoir été en "contact permanent avec son cabinet", et que la "continuité était assurée". Pourquoi son cabinet a-t-il affirmé le contraire ? Tout simplement parce que ces collaborateurs n'étaient pas au courant : "Je considérais que ce séjour relevait de la vie privée, et je considérais que je n'avais pas à les en informer, dès lors que je restais joignable", a indiqué Filippetti.
Alors, vie privée ou actualité politique ? Les moyens de l'Etat n'ayant pas été mobilisés, comme lorsque François Fillon partait en week-end avec un avion de la République, le voyage de Filippetti relève donc bien de la vie privée. Sauf que le gouvernement aime communiquer sur les vacances "studieuses" de ces ministres. C'était d'ailleurs le titre d'un article du Parisien publié le 25 décembre : "Le président a fait passer le message à sa manière : « Il nous a dit que chaque jour de l'année devait être un jour utile », souffle un ministre. Tout le monde a compris : pas question de prendre le large à plus de deux heures de Paris en avion. Il faudra se montrer présent, à l'inverse d'août dernier où, à peine nommés, beaucoup s'étaient égaillés quinze jours dans la nature alors que la crise empirait".
Interrogé sur ses consignes, Matignon avait même affirmé au Lab que "seuls deux ministres ont obtenu une dérogation de l'Elysée pour passer les fêtes de fin d'année loin de la métropole". Il s'agissait de Victorin Lurel et George Pau Langevin, originaires de Guadeloupe. En fait, ils étaient trois hors de la métropole : Filippetti était à l'Île Maurice. Fallait-il l'écrire ? En laissant filtrer que les vacances des ministres seraient "studieuses" en période de crise, c'est le gouvernement lui-même qui a utilisé des informations privées comme élément de communication. Dans ces conditions, difficile de reprocher à la presse d'exercer un regard critique sur cette com'.
*** Sources
- A. Bayet, "Filippetti est-elle allée à l'Île Maurice ?", Le lab d'Europe 1, 09.01.2013
- A. Bayet, "Les explications de Filippetti sur ses vacances", Le lab d'Europe 1, 09.01.2013
- A. Gérard, "Les vacances studieuses du gouvernement Ayrault", Le Parisien, 25.12.2012
