L'argent du pouvoir · 11 jan. 2013 à 19:03 · 0
Connaissez-vous Marie-Arlette Carlotti ? C'est l'une des ministres qui perçoit le revenu le plus élevé du gouvernement. Elle n'est pourtant "que" ministre déléguée en charge des Personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion. Comment fait-elle ? Elle cumule. Les mandats et les indemnités. En toute légalité. Parallèlement à son poste de ministre, elle est aussi conseillère générale et conseillère régionale. Elle pourrait même se présenter à la mairie de Marseille en 2014...
Avec la baisse de 30% décidée par François Hollande, un ministre délégué perçoit 9 440 euros brut par mois (soit 500 euros de moins qu'un ministre de plein exercice). C'est donc le montant que perçoit Marie-Arlette Carlotti en tant que ministre déléguée en charge des Personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion. Un poste qui visiblement n'est pas un travail à temps plein : quand l'agenda de sa ministre de tutelle, Marisol Touraine, est rempli tous les jours de cette semaine (du lundi 7 au samedi 12 janvier), celui de Carlotti n'est pas mis à jour et s'arrête au 4 janvier.
Simple oubli sans doute. Car la ministre est une femme politique très occupée : elle a deux autres fonctions.
Avant de devenir ministre, Marie-Arlette Carlotti a d'abord fait sa carrière au parlement européen entre 1996 et 2009. Elle mène également une carrière d'élue locale en Provence-Alpes-Côte d'Azur : conseillère générale du canton de Marseille-Les Cinq-Avenues depuis mars 1998, conseillère régionale de PACA depuis mars 2010, elle a même été élue députée de la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône en juin 2012. Si elle a dû démissionner de son poste de député en raison de sa nomination au gouvernement (mais elle pourra toujours revenir à l'assemblée dès qu'elle ne sera plus ministre), Marie-Arlette Carlotti a, en revanche, conservé ses deux autres fonctions selon le Nouvel Observateur. En toute légalité : un ministre peut cumuler les fonctions et les indemnités tant qu'il n'occupe pas un mandat d'exécutif local. En tant que simple conseillère générale et simple conseillère régionale, Carlotti perçoit 2 757 euros par mois de bonus par rapport à son salaire de ministre. Soit au total, un revenu estimé à 12 197 euros par mois (le plafond maximal autorisé pour un ministre).
Comment fait-elle pour cumuler ses fonctions de ministre déléguée, conseillère générale et conseillère régionale ? Mystère. C'est la magie du cumul des mandats. Et Marie-Arlette Carlotti semble ne pas vouloir s'arrêter là. Car si son agenda de ministre n'a pas été mis à jour, on a quand même retrouvé sa trace cette semaine : mercredi 9 janvier, elle a tenu une conférence de presse pour lancer son think-tank "Marseille et moi". Pour pouvoir se présenter à la mairie de Marseille en 2014 ? C'est ce que suppose Le Figaro : "L'association présidée par un éminent professeur de médecine (...) doit lui servir de boîte à idées pour élaborer son programme". Mais attention, pas question d'annoncer sa candidature. "Ce n'est pas rien de se présenter à la mairie de Marseille. Il serait bien arrogant de le faire sans un projet", a-t-elle déclaré au Figaro. D'ailleurs, elle n'est pas la seule à être sur les rangs : vu le nombre de candidats, une primaire PS devrait sans doute être organisée.
En attendant, paraît-il que le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, "prépare les esprits au non-cumul des mandats". Bon courage !
*** Sources
- A. de Broqua, "Marseille : trop-plein de candidats à gauche", Le Figaro, 10.01.2012
- Julien Vinzent, "Les voeux de Marie-Arlette Carlotti pour 2014", Marsactu.fr, 10.01.2012
- Sophie Huet, "Bartolone prépare les esprits au non-cumul", Le Figaro, 10.01.2012
- Julien Martin, "Ministres... et cumulards !", Le Nouvel Obs n°2511, 20.12.2012