Qu'est-ce que la réforme des rythmes scolaires ?

Questions d'actualité · 23 jan. 2013 à 07:09 · Commentaires 0

Réforme des rythmesscolaires

80% de grévistes dans les écoles parisiennes mardi 22 janvier. Un chiffre impensable il y a encore six mois quand François Hollande est entré à l'Elysée : il avait fait de la jeunesse et de l'éducation les priorités de son quinquennat. Alors que s'est-il passé ?

Passer de la semaine de 4 jours à 4 jours et demi

En 2008, le ministre de l'Education nationale de l'époque, Xavier Darcos, avait supprimé l'école le samedi matin sans aucune concertation. Cette mesure, plébiscitée par les familles, n'avait pas été contestée par les enseignants, ni par les communes. Mais elle s'était traduite dans la grande majorité des écoles primaires par le passage de la semaine à quatre jours. Or, ce rythme scolaire est considéré comme inadapté pour les enfants en bas âge. D'où la proposition de revenir à une semaine de quatre jours et demi en imposant le travail le mercredi matin (libérant ainsi les week-ends, objectif principal de la réforme 2008).

Une réforme Peillon confuse

A l'origine, comme le rappelle Libération, l'idée de Vincent Peillon était d'alléger une journée jugée trop longue (6h de cours) et d'équilibrer une semaine trop hachée. Une réforme qui aurait pu être consensuelle si le ministre avait accepté d'augmenter le salaire des enseignants, obligés de revenir en classe une demi-journée supplémentaire (avec le surcoût que cela implique en terme de transport et de garde d'enfants chez la nourrice). Sauf qu'il n'en a jamais été question. Tout juste Peillon a-t-il consenti de réduire de moitié les activités pédagogiques hors temps scolaire (de 60h à 36h par an). Un effort jugé insuffisant par les enseignants.
Dès lors, Peillon a cherché à trouver des contre-parties qui rendent aujourd'hui la réforme complètement illisible. Exemple : pour compenser le mercredi matin travaillé, Peillon a prévu de réduire de 30 minutes (voire 45 minutes) la durée de cours par jour... tout en promettant aux parents que les élèves ne seraient pas lâchés avant 16h30.
Le décret prévoit ainsi qu'il y aura " au minimum, une demi-heure de cours en moins par jour, une pause de midi d'au moins deux heures, et trois heures de cours, minimum, le mercredi matin". Traduction : les communes, en charge des écoles primaires, devront elles-mêmes financer les activités périscolaires pour éviter que les enfants ne sortent de l'école à 15h45 ou 16h.

Des communes également réticentes

Pour inciter les communes à accélérer le passage à 4 jours et demi et à prendre en charge les élèves hors temps scolaire, le gouvernement a prévu une enveloppe de 250 millions d'euros. Toutes les écoles qui passeront à la semaine de 4 jours et demi dès septembre 2013 recevront une aide de 50 euros par élève (et même 90 euros dans les zones difficiles). En septembre 2014, l'aide ne sera plus que de 45 euros uniquement pour les villes les plus pauvres. Un effort jugé insuffisant pour certaines communes rurales qui n'ont pas les moyens financiers de former des animateurs.
A Paris, la situation est encore plus complexe : la ville finance 700 enseignants spécialisés en arts plastiques et en éducation musicale. Pour faire face au surcoût de la réforme des rythmes scolaires, la ville envisagerait de leur confier une partie des activités périscolaires pour combler les 45 minutes d'enseignements en moins par jour. Impensable pour ces enseignants qui ont donc manifesté mardi 22 janvier. La situation apparaît donc complètement bloquée.

A noter que cette réforme des rythmes scolaires, qui fait l'objet d'un décret, est séparée de la loi sur la loi d'orientation sur la refondation de l'école, présentée ce mercredi 23 janvier en conseil des ministres. Rien à voir donc, mais la tentation est forte pour le gouvernement de mêler les deux sujets pour tenter de passer le décret en force.


*** Sources
- V. Soulé, "Ecole : rythmes hachés pour Vincent Peillon", Libération, 21.01.2013
- A. Auffray, "Rythmes scolaires : la droite fayote auprès des profs", Libé, 22.01.2013
- F. Fressoz, "L'ambition contrariée de Vincent Peillon", Lemonde.fr, 22.01.2013
- M-C. Corbier, "La réforme parasitée par les rythmes scolaires", Les Echos, 22.01.2013

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