Télévision · 30 jan. 2013 à 07:08 · 0
Devant 2,2 millions de téléspectateurs, Laurent Wauquiez a voulu frapper fort en dénonçant l'inefficacité du ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg. Lors de l'émission Des paroles et des actes, diffusée sur France 2 jeudi 24 janvier, le vice-président de l'UMP a pris un exemple très concret pour désarmer son adversaire : "Vous avez laissé faire la région Ile-de-France, qui est une région socialiste. Cent salariés vont dans un mois perdre leur emploi, parce que cette région dans un de ses marchés publics a décidé de changer son marché et de le dessaisir d'une entreprise qui était en Europe, en France, pour l'affecter à une entreprise localisée au Maroc. Et vous n'avez rien fait".
Vraiment ? Et Wauquiez d'insister quelques minutes plus tard : "Le centre ferme dans un mois, et tout le monde pourra le juger. J'ai eu des représentants des salariés, cent salariés Monsieur Montebourg, parce que tout ceci, c'est pas juste des marinières, c'est des emplois, c'est des salariés : cent salariés qui perdent leur emploi sur ce sujet".
Coup dur pour le ministre. Sauf que tout est faux, ou presque. Certes, à l'été 2012, le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif) a confié un marché de centre d'appel à une société qui externalise au Maroc. Certes, la précédente société qui travaillait pour le Stif a protesté et menacé de supprimer des emplois et de fermer ses deux sites français. Mais rien de tout cela n'a eu lieu d'après Libération. Dans sa rubrique desintox, le quotidien explique "qu'aucun des deux sites ne fermera". Du côté des syndicats, on assure que la direction de l'entreprise a confirmé que "le contrat du Stif serait compensé par deux contrats qui ont été conclus depuis. Les 51 CDI seront préservés". Aucun site ne sera fermé : "Les effectifs dédiés au contrat Stif seront basculés sur d'autres contrats", a indiqué la direction. Un délégué CGT s'est tout de même inquiété en regardant l'émission. "On a évidemment interrogé la direction, explique-t-il à Libération. Ils nous ont assuré que tous les CDI seraient maintenus, qu'il n'était pas question de licenciements ni de plan social et que le site ne fermerait évidemment pas et que ce qu'avait dit Wauquiez était absolument n'importe quoi". Message transmis à l'intéressé. Reste que pour 2,2 millions de téléspectateurs, ce mensonge est passé pour une vérité.
*** Source
- Cédric Mathiot, "Emplois supprimés : la fable de Wauquiez", Libération, 28 janvier 2013