L'argent du pouvoir · 9 sep. 2013 à 09:14 · 0
On en découvre tous les jours. Tout le monde connaissait la réserve parlementaire, cette cagnotte distribuée par les députés et les sénateurs aux collectivités locales pour financer, sur justificatif, des travaux d'entretien ou de rénovation. On connaissait également la réserve ministérielle, gérée par le ministère de l'Intérieur et le ministère du budget et que Nicolas Sarkozy avait récupérée à l'Élysée (les caisses avaient été vidées avant son départ). Et bien Le Monde vient de révéler que le ministère des Affaires étrangères disposait lui aussi d'une "réserve parlementaire", de l'ordre de 3 millions d'euros par an. Même le député apparenté socialiste, René Dosière, pourtant spécialiste du sujet, n'était pas au courant.
A quoi sert la réserve du Quai d'Orsay ? A financer des associations ayant un lien plus ou moins évident avec les affaires étrangères. "Cette réserve est utilisée majoritairement par les parlementaires représentant les Français à l'étranger", indique Le Monde. Oui, mais pas que.
Jouant la transparence, le ministère des Affaires étrangères a communiqué au Monde le détail de la réserve parlementaire pour les années 2011 et 2012. Et là, surprise : "Valéry Giscard d'Estaing, qui ne possède plus aucun mandat parlementaire depuis 2002, est cité dans le fichier. Il aurait alloué une subvention de 190 000 euros sur deux ans à la fondation qu'il a lui-même créée et dont il est encore président: l'Institut pour la démocratie en Europe. L'argent est attribué au nom de "l'action de la France en Europe et dans le monde".
Giscard s'est-il lui-même octroyé la subvention de 190 000 euros comme l'indique le document que s'est procuré Le Monde ? Interrogé par le quotidien, le secrétaire général de l'Institut, Georges de la Loyère, assure que Giscard n'est pas intervenu. C'est en réclamant une subvention auprès du ministère des Affaires étrangères que le Quai d'Orsay a répondu "qu'il fallait utiliser la réserve parlementaire". "Je me suis donc adressé au président de la commission des finances et au rapporteur, qui ont accepté. Je ne sais pas pourquoi le nom de M. Giscard d'Estaing apparaît", a expliqué le secrétaire général de la fondation Giscard. Le Quai d'Orsay a-t-il fourni un faux document ou le récit du secrétaire général n'est pas conforme à la réalité ? Quoi qu'il en soit, les fonds ont bien été versés. Quant à la pertinence d'une telle subvention...
*** Source
- A. Léchenet et N. Chapuis, "Réserve parlementaire : les 3 millions du Quai d'Orsay", Lemonde.fr, 07.09.2013
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