L'argent du pouvoir · 13 sep. 2013 à 09:42 · 0
Et si vous installiez le Wi-fi chez vous moyennant 40 000 euros de travaux ? Cette mauvaise blague est racontée par le journaliste Bruno Botella dans son livre "Petits secrets et grands privilèges de l'Assemblée nationale", paru aux Editions du moment en 2013. L'anecdote prêterait à sourire si elle ne reflétait pas le fossé entre la vie de palais et la vie réelle. Heureusement, dans cette histoire, le député a gardé les pieds sur terre.
La scène a lieu au lendemain des élections législatives de 2012. Bernard Roman, député socialiste de la 1ère circonscription du Nord, vient d'être réélu. A l'Assemblée nationale, ce député, qui est aussi vice-président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, a un pouvoir particulier : il est questeur. D'après le site de l'Assemblée nationale, les questeurs exercent des "pouvoirs étendus en matière financière, comptable et administrative dans le cadre de l'autonomie de gestion de l'Assemblée nationale" En clair, avec deux autres de ces collègues, il détient les cordons de la bourse de l'Assemblée.
Est-ce en raison de son statut que les services de l'Assemblée ont commis un excès de zèle ? "En aménageant la partie privée de son appartement de fonction, Bernard Roman s'est rendu compte qu'il n'avait pas de Wi-fi", raconte le journaliste. Au lieu de lui proposer d'installer une box internet basique, "les services compétents lui ont proposé une solution rapide, efficace, mais très onéreuse. Coût prévu : 40 000 euros de travaux !" C'est ce qui s'appelle le très haut débit (de carte bancaire). "Effaré, le député a poliment refusé et suggéré qu'on lui branche une box de base bien suffisante", écrit Botella. Lequel conclut : A l'heure où l'Assemblée nationale tente de faire des économies, "certains fonctionnaires ne comprennent pas pourquoi il faudrait faire attention aux dépenses (...) L'administration de l'Assemblée a toujours le réflexe de fournir une prestation "cinq étoiles", sans se soucier du prix".
Une nouvelle preuve ? Toujours dans le livre, l'ancien député Richard Mallié se souvient qu'en 2007, "alors qu'il venait de s'installer à la questure, un fonctionnaire lui a demandé quel nouveau modèle de voiture, il désirait"... alors qu'on lui avait déjà affecté une Peugeot 607 vieille de seulement cinq ans. Mallié a décliné la proposition. "Dix jours plus tard, on m'a reposé la question, j'ai fait la même réponse. La troisième, je me suis énervé", raconte l'ancien député. Pour si peu...
*** Source
- Bruno Botella, "Petits secrets et grands privilèges de l'Assemblée nationale",
Éditions du Moment, 2013
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Autre extrait du livre :
>> Retraite des fonctionnaires de l'Assemblée nationale : 3 180 euros brut par mois, plus que les députés
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>> L'Assemblée nationale dépense jusqu'à 300 000 euros par an en oeuvres d'art
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