Revue de presse · 30 sep. 2013 à 09:17 · 0
On pensait en avoir fini avec les micro-partis. Mais leur multiplication continue. Souvenez-vous : à côté des principaux partis politiques (PS, UMP, FN, EELV, PC, etc.), il existe une myriade de petites structures appelées micro-parti, et dont l'objectif principal est de collecter des dons défiscalisés et ainsi contourner l'esprit de la loi sur le financement des partis politiques. Car en théorie, la loi est stricte : une personne morale ne peut financer un parti, et un particulier peut verser 7 500 euros maximum à un parti politique chaque année. Pour contourner ce plafonnement, certains responsables politiques ont créé des micro-partis puisqu'un particulier peut donner 7500 euros... à autant de partis politiques qu'ils le souhaitent. C'est ce qui explique qu'aujourd'hui, la France compte officiellement près de 230 partis politiques.
Au moment de l'affaire Bettencourt, les médias avaient mis le projecteur sur ces partis méconnus du grand public. Exemple ? Le micro-parti de Valérie Pécresse a collecté la somme record de 400 000 euros en 2009. Celui de Jean-François Copé, baptisé Génération France, a récolté 428 731 euros de dons en 2012. Si ces micro-partis financent les activités politiques de ces responsables, ils permettent aussi de financer les grands partis. Ainsi, le micro-parti de Jean-Marie Le Pen a permis d'aider le FN au bord de la faillite. A l'UMP, l'ensemble des micro-partis rapportent chaque année environ 130 000 euros. Une pratique légale, mais qui contourne l'esprit de la loi (limiter les versements pour éviter les malversations). Voilà pourquoi certains souhaitent garder cette activité secrète : en 2010, Laurent Wauquiez avait fait comprendre aux donateurs fortunés de son micro-parti "Oxygène" qu'il ne fallait pas parler à la presse.
On croyait donc en avoir fini avec cette pratique. Et pourtant, de nouveaux micro-partis se créent chaque année. Dernier en date : la "Droite forte". Le courant très à droite de l'UMP est devenu un micro-parti pendant l'été 2013. "Ses fondateurs, Geoffroy Didier et Guillaume Peltier, ont déposé leur demande auprès de la Commission nationale des comptes de campagne, pour pouvoir récolter des dons défiscalisés", explique L'Express. Ce qui leur permettra de financer leur courant : lors des dernières élections internes de l'UMP, ils avaient chacun apporté 20 000 euros pour faire campagne. Avec le changement de statut du courant, les multi-donateurs de l'UMP pourront désormais ressortir leur carnet de chèque. Jusqu'au jour où, peut-être, le gouvernement ou le législateur décidera de mettre un peu d'ordre dans le financement des partis politiques.
*** Source
- Benjamin Sportouch, "Microparti", L'Express, 18.09.2013
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