Bruno Le Maire employait sa femme dans un poste qualifié de "flou" par Mediapart

Le terme d'emploi fictif n'apparaît pas dans l'article de Mediapart. Et pour cause : la femme du député UMP Bruno Le Maire, assistante parlementaire, travaillait bien pour lui. Mais le site d'information s'interroge sur son rôle exact. "Pauline Le Maire a été rémunérée aux frais de l'Assemblée sur un poste d'assistante parlementaire à temps plein de 2007 à l'été 2013 (avec une longue interruption pour congé maternité), grâce à des contrats signés soit par son époux, soit par le suppléant de celui-ci, Guy Lefrand", explique Mediapart. Tout est clair, sauf que le site relève que "cet emploi n'a jamais été mentionné en public, ni par l'intéressée ni par ses employeurs. L'un des anciens membres de l'équipe de Guy Lefrand, interrogé par Mediapart, reconnaît d'ailleurs n'avoir « jamais eu vent » d'un tel contrat".

Pas un mot en public

A plusieurs reprises, Le Maire aurait pu évoquer le travail de sa femme. Il ne l'a jamais fait. Exemple : en février 2011, ils posent tous les deux pour Paris-Match. Mediapart relève qu'elle est présentée "comme petite-fille d'agriculteurs, artiste-peintre et mère, jamais comme assistante parlementaire" alors qu'elle occupe ce poste depuis trois ans. De même, lors d'un colloque en décembre 2012 sur la place des femmes en politique, Bruno Le Maire a évoqué les journées de sa femme, sans jamais faire référence à son travail d'assistante parlementaire. Un silence lié à la volonté de cacher cet emploi familial ?

Officiellement, elle s'occupait du site web

Employer un membre de sa famille n'a rien d'illégal. Le salaire de ces "emplois familiaux" est simplement plafonné à 4 752 euros brut par mois. Entre 2007 et 2013, selon les périodes, Pauline Le Maire a perçu entre 2700 et 3200 euros par mois. Mais que faisait-elle concrètement ? "L'entourage de Bruno Le Maire fait savoir qu'elle s'est en particulier chargée du site internet", indique Mediapart. Le suppléant de Bruno Le Maire, qui a embauché Pauline Le Maire pendant deux ans, évoque plutôt un travail sur "le fond des dossiers" ou la préparation d'interview. Mais quand le site insiste pour voir des exemples de production de Pauline Le Maire, le suppléant raccroche sous prétexte qu'il est débordé de travail.

Le Maire "assume" mais n'en dit pas plus

Interrogé par Mediapart, Bruno Le Maire a simplement indiqué qu'il "assume" l'emploi de sa femme sans en dire plus. Relancé par 20 minutes, il a confirmé qu'il ne souhaitait pas réagir. Un proche du député affirme, de son côté, que cet emploi était "connu de beaucoup de gens localement" tout en ajoutant que "Mediapart n'est pas un tribunal et [que Le Maire] n'a pas à apporter les preuves qu'elle travaillait bien pour lui". Verdict de Mediapart : cet emploi apparaît pour le moins "flou".

Une chose est sure : le parlement européen a réglé le problème des emplois familiaux. Depuis juillet 2009, un député européen ne peut plus embaucher son conjoint, ses frères et soeurs ou ses enfants.

*** Sources
- E. Chavelet, "Le Maire: L'agriculture n'est pas une voie de garage", Paris Match, 19.02.2011
- M. Goar, "L'étrange emploi de la femme de Bruno Le Maire", 20 minutes, 08.10.2013
- M. Mathieu, "A l'Assemblée, l'emploi flou de l'épouse de Bruno Le Maire", Mediapart, 08.10.2013