L'argent du pouvoir · 14 oct. 2013 à 09:29 · 
0
Depuis 2007, les comptes de l'Assemblée nationale sont certifiés par le Conseil supérieur de l'Ordre des experts-comptables. Et à partir de 2013, c'est la Cour des comptes qui s'en chargera. Un contrôle purement formel puisque cette vérification n'aura pas pour objectif d'évaluer l'efficacité des dépenses. Malgré tout, il s'agit d'une avancée vers un peu plus de transparence. Car aussi étonnant que cela puisse paraître, les comptes détaillés de l'Assemblée nationale ne sont pas des données publiques. C'est ce que raconte Bruno Botella dans son livre Petits secrets et grands privilèges de l'Assemblée nationale (Éditions du Moment).
L'Assemblée nationale publie sur son site internet un document synthétique de ses comptes. Mais il s'agit d'une "version édulcorée" selon le journaliste qui s'est procuré le document confidentiel et a ainsi pu comparer les deux versions. "Impossible de trouver sur le rapport en ligne le détail des achats de véhicules, le lecteur doit se contenter de la dépense annuelle. Pas de précision non plus sur les achats et sur la restauration d'oeuvres d'art. Sur les frais de fonctionnement, la version publique est étrangement expurgée des sommes allouées à chaque groupe politique pour le secrétariat", énumère Botella.
Exemple de dépenses ne figurant pas sur le document public ? La subvention accordée à l'Association sportive culturelle de l'Assemblée nationale. La salle de sport des députés a coûté 125 000 euros en 2010. Un chiffre jusqu'ici resté secret. Autre dépense inconnue : le salon de coiffure de l'Assemblée. Il coûte chaque année 26 000 euros, car les députés payent moins cher que chez les coiffeurs du quartier. Résultat : le salon de coiffure des députés n'étant pas rentable, c'est le budget de l'Assemblée nationale qui comble le trou.
En matière de transparence, l'Assemblée a donc des progrès à faire. La preuve ? Non seulement le document confidentiel des questeurs (qui gèrent l'argent de l'Assemblée) n'est pas public, mais les députés eux-mêmes n'y ont pas accès ! Un manque de transparence liée à la peur que ses données alimentent l'antiparlementarisme. Au risque de soupçonner des dépenses inavouables...
Une chose est sûre : l'argent est tabou. Interrogé par Botella, le député François de Rugy (EELV) raconte : "La première fois que j'ai été élu député, une chose m'a frappé : le fonctionnaire chargé de m'accueillir à l'Assemblée a parlé tout bas dès qu'il a abordé les questions matérielles et l'argent". De l'argent à l'Assemblée nationale ? Chut....
*** Source
- Bruno Botella, Petits secrets et grands privilèges de l'assemblée nationale,
Éditions du Moment, Janvier 2013
_____________________________________________________
Autre extrait du livre :
>> Les frais de transport des députés : 230 000 euros de Pass navigo, 342 000 euros de parking et 1,2 million d'euros de notes de taxi par an
Autre extrait du livre :
>> Assemblée nationale : l'histoire de l'installation Wi-fi qui devait coûter... 40 000 euros
Autre extrait du livre :
>> L'Assemblée nationale dépense jusqu'à 300 000 euros par an en oeuvres d'art
Autre extrait du livre :
>> 680 000 euros de factures de papier par an : quand l'Assemblée nationale découvre la clé USB
Autre extrait du livre :
>> Retraite des fonctionnaires de l'Assemblée nationale : 3 180 euros brut par mois, plus que les députés
Autre extrait du livre :
>> Des parlementaires avaient un logement de fonction... au château de Versailles
_____________________________________________________
Archives : retrouvez tous nos articles de la rubrique "L'argent du pouvoir" depuis 2007
