Le Canard enchaîné · 7 nov. 2013 à 09:25 · 0
A ce niveau d'endettement, n'importe quelle PME aurait fermé. Pas l'UMP. Selon Le Canard enchaîné, la situation financière du parti dirigé par Jean-François Copé est pire que prévu. Alors que l'UMP s'attendait à une dette de 55 millions d'euros en 2012, les derniers chiffres issus d'un rapport de commissaires aux comptes que s'est procuré Le Canard sont alarmants : la dette se montrait à 108,5 millions d'euros.
Comment expliquer une telle somme ? C'est d'abord lié à une accumulation de dette qui remonte à la fondation de l'UMP. Un comble pour un parti politique qui prône la rigueur budgétaire. "Lors de sa création en 2002, l'UMP hérite de la dette de feu le RPR. Soit 31 millions. Il l'a réduite à 9 millions en 2007, à l'occasion de la présidentielle, grâce à un marketing d'enfer qui a conduit à l'afflux d'adhérents et de donateurs", raconte Le Canard. C'était le bon vieux temps du Sarkozysme. Depuis, les courbes des dépenses et des recettes se sont croisées : les adhérents ont déserté au moment où les dépenses de communication ont fortement augmenté. Au 31 décembre 2011, la dette atteignait déjà 41 millions d'euros... pour atteindre 108 millions d'euros un an plus tard.
D'après Le Canard enchaîné, l'explosion de l'endettement de l'UMP est liée au triplement des "frais de communication et de propagande" pendant la campagne présidentielle (ces frais sont ainsi passés de 11 à 33 millions d'euros), ainsi qu'à la hausse des "frais de voyage et de déplacement" (qui sont passés de 4,2 à 9,7 millions d'euros entre 2011 et 2012). Dans le même temps, l'UMP a perdu un tiers de son financement public à cause de sa défaite aux législatives 2012. Résultat : rien que pour la seule année 2012, le parti affiche un endettement de 39 millions d'euros.
Comme le rappelle l'hebdomadaire, l'ancien trésorier, Dominique Dord (qui possède un microparti et est un acheteur compulsif du Canard enchaîné quand une affaire le dérange) avait tiré la sonnette d'alarme il y a un an. Démissionnant en pleine guerre des chefs, ce partisan de Fillon avait dénoncé l'utilisation des moyens de communication au seul profit de Copé : "Son équipe de collaborateurs salariés de l'UMP, pas moins d'une dizaine de cadres largement rémunérés, n'a cessé, sans le moindre scrupule, de jouer un rôle très actif et ostensible pendant les trois mois de la campagne", avait-il déclaré.
A la suite de la publication de l'article du Canard enchaîné, l'UMP a démenti ce chiffre de 108 millions d'euros de dette en affirmant qu'il s'agissait du chiffre... de décembre 2012. Or, depuis, l'UMP aurait comblé une petite partie de cette dette en remboursant "16 millions d'euros en ce qui concerne la partie immobilière, 11 millions sur la dette bancaire courante, 11 millions pour les frais de campagne de Nicolas Sarkozy [grâce au Sarkothon], trois millions aux fournisseurs... Au total, la dette de l'UMP s'élève aujourd'hui à 72 millions d'euros, soit 44 millions de dette courante et 28 millions de dette immobilière", écrit Le Figaro. 72 millions d'euros de dette, contre 55 millions début 2012. Une aussi bonne gestion du budget, ça promet pour la suite...
*** Sources
- Marion Joseph, "L'UMP dément avoir une dette de plus de 108 millions d'euros", Le Figaro, 06.11.2013
- Didier Hassoux, "L'UMP en prend plein la dette", Le Canard enchaîné n°4854, 06.11.2013
_____________________________________________________