L'Etat-actionnaire distribue davantage de dividendes que les entreprises du CAC 40

C'est bien connu : en France, la faiblesse de la croissance économique est liée au manque de compétitivité des entreprises. Et parmi les raisons de ce manque de compétitivité, il y a, entre autres, la faiblesse des investissements. Et pour expliquer cette faiblesse des investissements, on invoque souvent deux causes : des charges sociales trop élevées, mais aussi des dividendes trop souvent distribuées au détriment des investissements de long terme. En somme, c'est la faute aux actionnaires. C'était par exemple l'avis de Benoît Hamon, ancien ministre de l'Economie solidaire et nouvellement nommé à l'Education nationale, dans une tribune publiée par Les Echos le 7 mars 2014.

Trop de dividendes et pas assez investissement ? Peut-être, sauf que l'Etat ne donne pas vraiment l'exemple comme l'a démontré Le Canard enchaîne. "Dans une annexe au budget 2014 consacrée aux participations financières de l'Etat, le ministère des Finances révèle que les entreprises dans lesquelles l'Etat détient une participation ont versé, en 2012, des dividendes représentant un peu plus de 79% des bénéfices nets réalisables. Encore plus que les 76% que se sont octroyés, en 2012, ces goinfres que sont les actionnaires des grands groupes du CAC 40", écrit l'hebdomadaire.

Parmi les entreprises les plus généreuses avec ses actionnaires, on trouve notamment Orange, dont l'Etat possède encore 27%. D'après Le Canard, "en 2013, l'entreprise a versé un montant de dividendes supérieur à son bénéfice. Selon les comptes qu'il vient de publier, le groupe a ainsi distribué 2,2 milliards d'euros l'année dernière, alors que son bénéfice était inférieur à 1,9 milliard". Certes, l'Etat étant actionnaire, les caisses publiques reçoivent aussi des dividendes dont une partie est versée au Fonds stratégique d'investissement chargé d'aider les entreprises en difficulté. Mais ce n'est pas le moindre des paradoxes de voir un Etat se plaindre des dividendes versées aux actionnaires tout en étant actionnaire d'entreprises qui battent des records dans ce domaine. Faites ce que je dis...


*** Source
- H.M., "La gloutonnerie de l'Etat actionnaire", Le Canard enchaîné n°4875, 02.04.2014

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