Revue de presse · 27 mai 2014 à 08:36 · 0
On n'est pas à 10 millions d'euros près. Les derniers rebondissements dans l'affaire Bygmalion/Copé confirment les informations de Libé du 19 mai : les 12 millions d'euros des conventions UMP auraient servi à financer la campagne de Nicolas Sarkozy. Dit autrement : les dépenses de la campagne présidentielle de Sarkozy, qui étaient plafonnées à 21 millions d'euros, auraient donc dépassé les... 30 millions d'euros. Un chiffre colossal.
Lundi 26 mai, c'est l'avocat de Bygmalion, la boite de com fondée par des proches de Jean-François Copé qui lâché ce que tout le monde savait plus ou moins : "la société Bygmalion a été amenée à établir des factures qui ont été imputées à l'UMP alors qu'elles auraient dû l'être à l'association de financement du candidat Sarkozy". Il s'agit donc bien de "fausses factures" dont le montant atteint environ "dix millions d'euros".
Quelques minutes après cette intervention, des perquisitions avaient lieu dans les locaux de l'UMP, de Bygmalion et de Generation France, le micro-parti de Jean-François Copé. Au même moment, sur BFM TV, Jérôme Lavrilleux, ancien directeur de campagne adjoint de Nicolas Sarkozy et actuel directeur de cabinet de Jean-François Copé reconnaît les faits : "Le problème, c'est que les dépenses [de campagne] sont plafonnées et qu'au-delà d'une certaine somme, on ne peut plus les intégrer dans le compte de campagne. Il y a eu un dérapage sur le nombre d'événements qui ont été réalisés dans le cadre cette campagne. Il y a eu des factures présentées à l'UMP qui correspondaient à des dépenses faites pour la campagne [de Sarkozy]". C'était "une manière de ventiler comptablement ces dépenses", a-t-il ajouté, avant de préciser que "ni Copé, ni Sarkozy n'ont été mis au courant des dérives".
De son côté, l'ancien trésorier de la campagne de Sarkozy, Philippe Briand, a démenti ces accusations, dans un communiqué envoyé à l'AFP : "Il n'a jamais été demandé d'imputer des dépenses sur le compte de l'UMP". Selon lui, "la campagne de Nicolas Sarkozy a été financée sur un budget de 21,4 millions d'euros provenant de l'emprunt de la Société Générale (10,7 millions), des dons recueillis (5,8 millions), des contributions de l'UMP (4,9 millions) et de l'apport personnel du candidat. Sur ce budget, 21,3 millions d'euros ont été dépensés pour financer l'intégralité des coûts de la campagne".
Pourtant, des employés d'une filiale de Bygmalion, interrogés par Libération, confirment que les dépenses ont dérapé. Début 2012, "nous étions partis pour organiser quelques meetings de campagne, pas plus", raconte un employé en charge des meetings. Mais la machine s'est rapidement emballé, avec l'organisation de 42 meetings en six mois : "Les prix étaient très élevés, tout se faisait à la dernière minute", raconte cet employé. "A chaque fois que nous avons vu des membres de l'équipe de campagne de Nicolas Sarkozy, nous les avons avertis que les prix flambaient", soutiennent tous les interlocuteurs contactés au sein de Bygmalion par Libé. "J'ai été atterré de voir la désinvolture avec laquelle ils traitaient les questions d'argent. Ils nous disaient : "On s'en fout, continuez, on verra après", explique une source de Libé.
C'est après la victoire de François Hollande que l'UMP a fait savoir qu'une partie de ces dépenses ne pouvaient pas être intégrées au compte de campagne du candidat, sous peine d'exploser le plafond légal de 21 millions d'euros. "D'après les membres de Bygmalion, le parti leur a proposé une solution : faire des fausses factures, correspondant à des conventions bidons. Et se faire ainsi régler les frais de campagne en les déguisant pour échapper à la commission des comptes. Les prestataires, eux, ont envoyé leurs vraies factures", explique Libération.
Si ces faits sont confirmés par la justice, cela signifierait que la campagne de Sarkozy aurait coûté plus de 30 millions d'euros. Un surcoût énorme qui remet en cause l'équité entre les candidats.
*** Sources
- "La folle journée de l'UMP en 4 actes", Lemonde.fr, 26.05.2014
- Violette Lazard, "Des factures bidon pour cacher une campagne sans limite", Libération, 27.05.2014
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