Revue de presse · 23 juin 2014 à 07:58 · 0
Il va bientôt falloir créer un annuaire pour s'y retrouver dans toutes les affaires politico-financières qui touchent l'UMP. Jusqu'à ce week-end, il y avait trois affaires :
1. L'Affaire Bygmalion : la campagne de Sarkozy en 2012 a coûté plus de 39 millions d'euros, un système de fausses facturations ayant permis à l'UMP de cacher 17 millions d'euros de dépenses de communication assurées par la société Event & Cie, filiale de Bygmalion.
2. L'Affaire de la cagnotte secrète des sénateurs UMP : la justice soupçonne des détournements de fonds, évalués à environ 400 000 euros, au profit de sénateurs UMP, via deux associations de loi 1901.
3. L'Affaire des formations fictives de l'UMP : le parti, désormais dirigé par Juppé-Fillon-Copé, aurait organisé des formations fantômes payées par des collectivités, via l'Association nationale pour la démocratie locale (ANDL). Une enquête préliminaire est en cours.
A ces trois affaires, il faut désormais en ajouter une quatrième : d'après de nouvelles révélations de Mediapart, l'UMP aurait contracté un prêt de trois millions d'euros... auprès de son propre groupe parlementaire. Sans que les députés ne soient au courant.
"A l'été 2012, débordé par ses problèmes de trésorerie, Jean-François Copé ne s'est pas contenté d'emprunter 55 millions d'euros à un pool de banques (comme cela avait été rendu public), il s'est aussi tourné vers son lieutenant Christian Jacob, patron des députés UMP et à ce titre "héritier" d'une cagnotte de plusieurs millions d'euros d'argent public. Sans barguigner, le président du groupe a signé « une convention de prêt » de 3 millions d'euros, sans même en avertir ses troupes", explique Mediapart.
Comment une telle manoeuvre a-t-elle été possible ? Chaque année, l'Assemblée nationale octroie au groupe parlementaire une petite cagnotte pour régler les dépenses de fonctionnement. Or, "si les partis politiques sont tenus de publier leurs comptes et de les faire certifier, la loi ne prévoit rien de tel pour les groupes parlementaires, des structures au statut ultra-flou", explique Mediapart. En clair, ces cagnottes parlementaires ne font l'objet d'aucun contrôle. Voilà pourquoi Christian Jacob a pu prêter 3 millions d'euros à l'UMP sans même prévenir les députés. Contacté par Mediapart, Christian Jacob assure que tout est légal : "Je ne vois pas ce qu'il y aurait de répréhensible. Ça n'est pas un don ! Et nous sommes tous dans la même famille politique... Il n'y a pas plus carré que ça".
Ce n'est pas l'avis de tous les députés UMP qui ont découvert l'existence de ce prêt. Dans une interview au Parisien, le député UMP Pierre lellouche s'est montré sceptique "sur la légalité d'une telle manœuvre". "Cette affaire est gravissime. Je suis très inquiet pour la survie même de l'UMP, je ne sais pas si le parti est sauvable à ce stade. Il est peut-être trop tard", a-t-il déclaré.
De son côté, le président PS de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a annoncé dans un communiqué une prochaine révision des statuts des groupes parlementaires "pour permettre l'exercice d'un contrôle sur l'utilisation qu'ils font des dotations qui leur sont versées". Il était temps, non ?
*** Sources
- O. Bost, "Prêt de 3 millions à l'UMP : Bartolone veut durcir les règles", France info, 22.06.2014
- Mathilde Mathieu et Ellen Salvi, "UMP : l'emprunt caché de 3 millions d'euros", Mediapart, 21.06.2014
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