Revue de presse · 24 juin 2014 à 12:04 · 0
Avec toutes les affaires qui touchent l'UMP, on en oublierait presque celle qui concerne Jean-Marie Le Pen. Fin 2013, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris sur le patrimoine de Jean-Marie Le Pen après un signalement de la Commission pour la transparence financière de la vie politique. Selon Mediapart, cette commission (qui vient de d'être remplacée par la Haute autorité pour la transparence) a estimé que l'enrichissement personnel de Jean-Marie Le Pen, entre 2004 et 2009, évalué à 1 127 000 euros, était suspect.
"En comparant la déclaration de patrimoine remplie par l'eurodéputé en 2009 (à l'issue de son mandat) avec celle fournie en 2004 (au début de son mandat), l'autorité indépendante a tiqué sur l'ampleur de l'enrichissement personnel affiché par Jean-Marie Le Pen (en particulier ses investissements massifs dans des Sicav), inattendue au vu de ses revenus officiels", explique Mediapart.
Pour justifier cet enrichissement personnel soudain, Le Pen a déclaré que "le Front national avait renoncé en 2006 à lui réclamer une dette de 198 000 euros contractée en 1991", écrit Mediapart.
Condamné en 1991 pour avoir déclaré que les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire, Le Pen avait demandé au FN de lui prêter la somme. Quinze ans plus tard, Le Pen n'ayant toujours pas remboursé son parti, le FN a finalement renoncé à sa créance. Seul problème : Le Pen n'a présenté aucun justificatif à la commission attestant ce remboursement.
Il en est de même pour toutes les autres explications avancées par Le Pen. Il a ainsi "assuré que son micro-parti personnel, Cotelec, lui avait viré presque 300 000 euros en 2008, poursuit Mediapart. Sans fournir de justificatifs. Il a affirmé qu'une étude notariale de sa commune de Saint-Cloud lui avait versé en 2008 quelque 150 000 euros, toujours sans trace probante. Idem pour 50 000 euros supposément encaissés d'une banque lorraine, dont il n'a pas justifié la provenance. Enfin, il a fait état d'une « remise gracieuse » d'environ 400 000 euros obtenue du fisc en 2006, à l'issue d'une médiation. À l'appui de cette assertion ? Toujours aucun justificatif".
Contacté par Mediapart, Le Pen assure n'avoir "aucune inquiétude" et accuse la commission de "désinvolture" et de "paresse". Il a tenté de justifier chacune de ses sommes. Les 300 000 euros de Cotelec ? Un remboursement d'un prêt pour une campagne électorale. Mais impossible à vérifier, les comptes de Cotelec ont été rejetés par la commission. Les 150 000 euros d'une étude notariale ? Ce serait un héritage. Les 50 000 euros d'une banque lorraine ? Mystère. Quant à la remise du fisc de 400 000 euros, elle pourrait être liée à un redressement fiscal datant de plusieurs décennies et touchant la SCI de son château de Montretout. Mais le fisc n'a pas confirmé ce "cadeau". C'est donc désormais à la justice de faire les comptes : Le Pen avait jusqu'à début juin pour fournir une nouvelle déclaration de patrimoine.
*** Source
- Mathilde Mathieu, "Le Pen: un enrichissement suspect de 1,1 million d'euros", Mediapart, 11.06.2014
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