Le Canard enchaîné · 27 juin 2014 à 18:35 · 
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Voilà un exploit qui aurait dû faire la Une des journaux. Mais cela n'a pas été le cas. Le 19 juin, la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a fait une annonce censée améliorer le pouvoir d'achat des ménages : "J'efface la hausse de 5% des tarifs d'Edf", a-t-elle déclaré. Cette hausse, prévue depuis plusieurs mois, devait entrer en vigueur le 1er août.
Un joli cadeau, mais qui a coûté très, très cher. Car EDF, dont l'Etat possède encore 84% des parts, est cotée à la bourse de Paris. Et comme il fallait s'y attendre, l'annonce de la ministre a fait chuter son cours : "dès l'ouverture de la séance, le cours de l'action EDF s'écroule de 12%. Soit 5,9 milliards de capitalisation volatilisés", constate Le Canard enchaîné. Les autorités boursières ont immédiatement alerté Matignon en réclamant une mise au point pour stopper la chute. Mais comme il s'agit de Ségolène Royal, Matignon a refilé le dossier à l'Elysée. C'est le secrétaire général de l'Elysée, Jean-Pierre Jouyet, très proche de Royal et Hollande, qui s'est donc chargé de demander à la ministre de rectifier ses propos. Ce qu'elle a refusé. Après une heure de tractations, et devant l'urgence de la situation, c'est finalement Matignon qui a consenti à publier un communiqué indiquant qu'il y a aurait quand même "une hausse modérée" des tarifs d'EDF. Ouf !
Sauf que ce communiqué catastrophe n'a pas totalement réparé les dégâts : si le cours de l'action a légèrement remonté en fin de journée, il a fini à -7% à la clôture. Dit autrement : Ségolène Royal a fait perdre 3,25 milliards d'euros au patrimoine de l'Etat en une seule journée. Tout ça à cause d'une annonce précipitée ? Oui. Et ce n'est pas la première fois : en décembre 2007, une annonce précipitée de Sarkozy à propos de ventes d'actions d'EDF avait fait perdre près d'un milliard d'euros à l'Etat.
Conclusion amère d'un haut fonctionnaire de Bercy : "dans l'irresponsabilité financière, il y a quand même des limites". Tant que les électeurs ne sont pas au courant...
*** Source
- "Les milliards égarés par Ségolène et par l'Etat", Le Canard enchaîné n°4887, 25.06.2014
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