Revue de presse · 12 août 2014 à 15:37 · 0
En privatisant les autoroutes en 2006, pour une durée de vingt ans, l'Etat a empoché 17 milliards d'euros et s'est délesté de 20 milliards d'euros de dettes. Une bonne opération ? Pas forcément : car l'Etat s'est aussi privé de ressources importantes. Il suffit de voir les hausses des tarifs des péages et les bénéfices des sociétés d'autoroute pour s'en convaincre. En juillet 2013, la Cour des comptes avait dénoncé les conditions accordées aux sociétés d'autoroutes par l'Etat. Un an après, Le Nouvel Obs est revenu sur ce "scandale des autoroutes".
"Les tarifs des sociétés d'autoroute ont encore grimpé de 1,14% cette année après avoir grimpé de 2,5% en 2013 et 2,01% en 2012, constate l'hebdomadaire. Ainsi, entre 2007 et 2012, les péages ont augmenté de 11%, alors que l'indice Insee des prix à la consommation n'a progressé que de 8,5%. Et encore, cette moyenne cache de grandes disparités. Particulièrement ruineux, certains tronçons atteignent des records. L'A65 entre Bordeaux et Pau : 22 euros pour 150 kilomètres. Les 15 kilomètres de l'A14 : 8,20 euros le dimanche soir".
Depuis 2006, les trois quarts des sociétés d'autoroute sont détenus par trois sociétés : Vinci (propriétaire d'ASF, Cofiroute et Escota), Eiffage (APRR et Area) et l'espagnol Albertis (Sanef et SAPN). Se défendant de bénéficier de rentes de situation, les sociétés d'autoroute avancent toujours les mêmes arguments : selon Vinci Autoroutes, cité par Le Nouvel Obs, "les sociétés contribuent directement aux finances publiques à hauteur de 4 milliards d'euros sous forme de TVA (1,7 milliard), d'impôt sur les sociétés (1,18 milliard), de redevance domaniale (250 millions), de taxe d'aménagement du territoire (280 millions). Et chaque année, 1,6 milliard d'euros sont dépensés dans les charges liées à l'exploitation des autoroutes : 1,8 milliard, dans la modernisation, l'intégration environnementale et le développement des réseaux autoroutiers. Le reste - 1,8 milliard d'euros - constituent les juteux bénéfices des groupes exploitants".
Vous avez bien lu : les sociétés d'autoroute réalisent 1,8 milliard d'euros par an de bénéfices. Et vu les hausses des tarifs, ces bénéfices ne vont pas diminuer. D'autant plus que les sociétés d'autoroute cherchent, en plus, à réduire leurs coûts, notamment "en remplaçant les salariés aux péages par des machines", précise l'Obs.
"De 2007 à 2011, le nombre de guichetiers a fondu, passant de 7 300 à 5 800 salariés, soit une réduction de 20% des effectifs", constate l'hebdomadaire. Mieux : c'est l'Etat, dans le cadre du Grenelle de l'environnement, qui a financé une partie du télépéage sans arrêt (et donc sans guichetiers) en prolongeant la durée des concessions. De son côté, Vinci Autoroutes se défend en assurant que cette automatisation s'est faite "sans licenciement, ni mutations forcées".
Quoi qu'il en soit, le business des autoroutes est rentable. Et les concessions ne s'achèveront qu'en 2029.
*** Source
- Donald Hébert, "Le scandale des autoroutes", Le Nouvel Observateur n°2593, 17.07.2014
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