Revue de presse · 2 fév. 2015 à 09:00 · 0
Connaissez-vous l'Etec ? Il s'agit de l'unité de l'armée de l'air chargée de transporter le président de la République et les membres du gouvernement. Une unité d'élite, censée être composée des meilleurs éléments de l'armée de l'air, sécurité oblige. Sauf que selon une enquête de l'hebdomadaire Marianne, l'Etec (Escadron de transport, d'entrainement et de calibration) n'est plus vraiment une unité d'élite. Pilotes et membres d'équipage multiplient les dérapages depuis des années.
L'Etec est composé de 180 personnes : pilotes, stewarts et hôtesses de l'air passent des sélections drastiques pour en faire partie. Car le personnel doit être sûr : l'Etec transporte les plus hautes personnalités de la République. Et vu le prix, il s'agit bien ici d'un service de luxe. Une heure d'avion coûte 5 128 euros net pour un Falcon 7x, 5 063 euros pour un Super Puma et... 19 520 euros pour l'airbus du président (surnommé "Air Sarko One").
L'Etec, une unité d'élite ? En réalité, depuis de nombreuses années, l'état major est au courant de nombreuses dérives, sans réussir à y mettre fin. C'est ce qu'a découvert l'hebdomadaire Marianne, en recueillant notamment le témoignage d'une ancien hôtesse de l'air de l'Etec qui raconte les dérapages alcoolisés, les mesures de sécurité non respectées, et les fêtes à chacune des escales. Un témoignage accablant. Exemple ? "En mars 2010, nous sommes allés à Pise, raconte cette hôtesse à Marianne. Le soir, comme d'habitude, nous avons fait la fête. Mais le lendemain, alors que nous avions un ministre à bord, le pilote a été malade. Je n'ai pas tout de suite compris quand on m'a demandé un sac vomitoire. En fait, il avait trop bu la veille".
En théorie, il est interdit à l'équipage de faire sortir de l'avion des bouteilles alcoolisées. Mais il y a la théorie et la pratique. Et à l'Etec, manifestement, on a de la suite dans les idées : "Les bouteilles fermées étant comptées, le jeu consistait à en ouvrir un maximum pour les passagers puis à les récupérer à moitié pleines et les finir entre nous, à l'escale, raconte un témoin. On les planquait dans nos valises personnelles ou dans les racks, ces caissons métalliques qui servent à transporter les plateaux-repas".
Plus grave que ces dérapages alcoolisés, le harcèlement envers le personnel féminin. "Beaucoup appellent l'Etec "le mini-Elysée, explique une autre hôtesse à Marianne. Ça monte facilement à la tête. Il y a des pilotes qui se prennent pour des dieux. Certains d'entre eux tombent vite dans le graveleux". Plusieurs hôtesses se seraient plaintes de harcèlement. Une enquête aurait été ouverte.
L'un des responsables de l'Etec a tenté de mettre fin à ces dérives. Dans un mail interne envoyé en 2011, et que s'est procuré l'hebdomadaire Marianne, ce responsable recadre les équipages, en des termes pour le moins déroutants : "Concernant les escales, je suis évidemment d'accord que chacun profite et s'amuse. Cependant, cela ne signifie pas faire n'importe quoi. Par exemple : la consommation d'alcool sans aucune modération est inadmissible. Je vous rappelle que notre mission peut nous rattraper à chaque instant, aussi, il faudra que l'on m'explique comment un personnel ivre peut assumer ses fonctions".
Que chacun profite et s'amuse pendant les escales ? On ne s'ennuie vraiment pas avec l'argent du contribuable...
*** Source
- Julia Pascual et Leila Minano, "La flotte présidentielle part en vrille", Marianne, 09.01.2015
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