Opération Triton : l'Europe fait des économies... en laissant couler des embarcations de migrants

Connaissez-vous l'opération Triton ? Depuis le 1er novembre, l'Union Européenne surveille les côtes méditerranéennes dans le cadre d'une opération baptisée "Triton". Objectif ? Repérer les embarcations de migrants venus d'Afrique. L'Europe a dégagé un budget de 3 millions d'euros par mois pour cette opération de surveillance menée par Frontex, l'agence européenne chargée de la surveillance des frontières extérieures.

3 millions d'euros par mois ? Si la somme paraît élevée, elle est bien inférieure aux moyens qui seraient effectivement nécessaires pour limiter les naufrages. Car avant cette opération Triton, c'était l'Italie, seule, qui assurait cette surveillance, ayant permis de sauver les 170 000 migrants naufragés, pour un coût mensuel de... 9,3 millions d'euros dans le cadre de son opération Mare Nostrum. Un coût élevé que l'Italie avait demandé de partager avec les autres pays européens. Voilà comment l'opération Triton est née.

Sauf qu'avec trois fois moins de moyens (3 millions contre 9 millions auparavant), la surveillance a forcément perdu en efficacité. Frontex ne dispose pas de navires propres pour surveiller les côtes. Du coup, comme l'a expliqué Le Canard enchaîné, début février, "plus de 400 migrants partis de Libye dans 4 canots pneumatiques, ont fait naufrage. Les trois quart ont été portés disparus". Un naufrage qui aurait pu être évité ? "L'agence Frontex est resté les bras croisés, dénonce Le Canard. Les deux bateaux dédiés à l'opération, l'un maltais, l'autre islandais, étaient en maintenance". Pas grave : ils sont juste chargés de surveiller, et pas venir en aide aux naufragés. Finalement, c'est la marine italienne qui est venue au secours des 105 rescapés.

Et Le Canard de conclure : "La démonstration est faite avec ces 300 morts, non seulement l'opération européenne Triton porte un nom ridicule, mais c'est une sinistre farce". Dit autrement : l'Europe fait des économies... en laissant couler des embarcations de migrants.


*** Source
- "Triton-la-honte", Le Canard enchaîné n°4921, 18.02.2015

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