Enquête · 11 fév. 2016 à 08:32 · 0
Maire de Bordeaux, favori pour la primaire de droite, Alain Juppé est aussi ancien Premier ministre. Et à ce titre, il bénéficie d'un petit bonus de la part de l'Etat qui prend en charge le coût d'une voiture de fonction, le salaire d'un chauffeur et celui d'un assistant. Si on connaissait l'existence de ces privilèges, on en ignorait jusqu'à présent leur coût réel. Il a fallu la détermination du site Mediapart pour obtenir tous les chiffres.
Concrètement, c'est le secrétariat général du gouvernement, un service dépendant de Matignon, qui gère les petits privilèges des anciens présidents de la République et anciens Premiers ministres. Au nom de la transparence et du droit d'accès aux documents administratifs, garanti à tous citoyens par une loi de 1978, Mediapart a obtenu le détail de ces frais. Non sans mal. La demande a été faite au secrétariat général gouvernement en janvier 2015, et sans réponse positive de sa part, Mediapart a dû saisir la Cada (Commission d'accès aux documents administratifs), laquelle a rendu un avis favorable à la transmission de ces documents.
S'agissant d'Alain Juppé, pour l'année 2014, l'Etat a dépensé 46 436 euros pour rémunérer un assistant, 5 671 euros pour rémunérer une assistante en fin d'année, 50 063 euros pour un chauffeur. Quant au frais d'entretien et d'assurance de sa voiture de fonction, l'Etat a déboursé 2 375 euros en 2014, ainsi que 3 438 euros de carburant.
Au total, Alain Juppé a donc bénéficié d'une dotation publique de 107 983 euros... pour avoir été Premier ministre entre 1995 et 1997. C'est-à-dire il y a 19 ans. Sachant qu'en 2009, les revenus d'Alain Juppé (qui touche une rémunération de maire et deux pensions de retraite) étaient estimés à 15 337 euros brut par mois, est-ce normal que la République continue à lui payer certains frais ?
*** Source
- Mathilde Mathieu, "La République dépense des dizaines de millions d'euros pour ses «ex»", Mediapart, 08.02.2016
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