Enquête · 9 juin 2016 à 18:09 · 0
Accrochez-vous à vos calculettes, les compteurs s'affolent. Selon Le Canard enchaîné, le coût réel pour le contribuable de l'organisation de l'Euro 2016 dépassera les 2 milliards d'euros.
En mai 2010, alors que la France venait d'être choisie pour organiser l'Euro 2016, Michel Platini (président de l'UEFA) et Nicolas Sarkozy se voulaient rassurants. Le coût de cette compétition de football était alors évalué à 290 millions d'euros pour le contribuable. Une somme utilisée pour construire quatre nouveaux stades (Lyon, Lille, Bordeaux, Nice) et en rénover six autres (Stade de France, Parc des princes, Lens, Saint-Etienne, Toulouse et Marseille). Mais six ans plus tard, les estimations du coût réel de l'Euro 2016 se sont littéralement envolées.
D'après Le Canard enchaîné, "la facture finale, pour les finances publiques, dépassera largement les 2 milliards d'euros". 2 milliards ? La faute aux partenariats public privé. Toutes les constructions de stade ont été effectuées selon la formule du PPP : les collectivités locales délèguent la construction des stades à des sociétés privées qui avancent les coûts des travaux. En échange, les collectivités acceptent de payer une redevance annuelle à ces sociétés pendant vingt ou trente ans. Cela permet aux collectivités locales de ne pas payer une trop lourde facture tout de suite, mais de l'étaler sur près de 30 ans. Problème : le coût de la totalité des redevances payées sur trente ans est bien plus élevé que le simple investissement de départ.
Résultat ? Les coûts réels seront nettement plus importants que ceux annoncés. A Bordeaux par exemple, le stade d'Alain Juppé ne va pas coûter 183 millions d'euros mais... 359 millions (voir notre article). A Lille, la facture finale sera de 700 millions. A Marseille, ce sera 500 millions. A Nice, 300 millions. Il en est de même pour les rénovations : le stade de Lens a coûté 70 millions d'euros (alors que le club évolue en Ligue 2). A Lyon, la rénovation a entièrement été financée par des fonds privés. Sauf que les contribuables ont tout de même mis la main à la poche, près de 200 millions d'euros, pour les accès à la route et le tramway.
Cette fuite d'argent public intrigue. Comme le rappelle Le Canard enchaîné, certains chantiers font l'objet d'une enquête judiciaire. Par exemple, à Lille, la justice soupçonne la mairie d'avoir favorisé un constructeur plutôt qu'un autre, avec pour conséquence un surcoût évalué à plusieurs centaines de millions d'euros. A Nice, une enquête préliminaire a été ouverte après qu'un constructeur, qui avait le devis le moins élevé, ait brusquement augmenté sa facture laissant le champ libre à son concurrent. Quelles que soient l'issue de ces enquêtes, les fans de football peuvent profiter de ces stades flambant neuf. Au prix fort.
*** Source
- J. C., "Stades critiques pour l'Euro", Le Canard enchaîné n°4989, 08.06.2016
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