Enquête · 18 août 2016 à 14:49 · 0
Vous vous rappelez d'Edith Cresson ? Elle a été premier ministre sous François Mitterrand en 1991. C'était il y a 25 ans. Aujourd'hui âgée de 82 ans, elle est bien évidemment à la retraite. Et pourtant... En tant qu'ancien premier ministre, l'Etat prend en charge le coût de sa voiture de fonction et le salaire d'une assistante. C'est ce qu'a révélé Mediapart en février dernier, dans l'indifférence générale.
C'est le secrétariat général du gouvernement, un service dépendant de Matignon, qui gère les petits privilèges des anciens présidents de la République et anciens Premiers ministres. Au nom de la transparence et du droit d'accès aux documents administratifs, garanti à tous citoyens par une loi de 1978, Mediapart a obtenu le détail de ces frais. Non sans mal. La demande a été faite au secrétariat général gouvernement en janvier 2015, et sans réponse positive de sa part, Mediapart a dû saisir la Cada (Commission d'accès aux documents administratifs), laquelle a rendu un avis favorable à la transmission de ces documents.
S'agissant d'Edith Cresson, pour l'année 2014, l'Etat a dépensé 33 817 euros pour rémunérer une assistante. Elle dispose également d'une voiture de fonction, achetée en 2007, pour un montant de 44 467 euros. Pas vraiment le coût d'une Twingo. Quant au frais d'entretien de sa voiture de fonction, l'Etat a déboursé 4 233 euros en 2014, ainsi que 5 189 euros de carburant et 541 euros pour l'assurance. Au total, hors coût d'achat du véhicule, l'Etat a dépensé 43 780 euros. Sachant qu'elle touche les retraites liées à tous ses mandats (maire, député, commissaire européen), est-ce bien raisonnable de continuer à financer une voiture et une assistante à une femme de 83 ans sous prétexte qu'elle a été premier ministre il y a 25 ans ?
*** Source
- Mathilde Mathieu, "La République dépense des dizaines de millions d'euros pour ses «ex»", Mediapart, 08.02.2016
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