Enquête · 28 août 2018 à 18:46 · 0
Nicolas Hulot a donc démissionné. Au micro de France inter, Hulot a fait le constat qu'il n'était pas suivi dans sa politique de transition énergétique : Je ne veux plus me mentir. Je ne veux pas donner l'illusion que ma présence au gouvernement signifie qu'on est à la hauteur sur ces enjeux-là et donc je prends la décision de quitter le gouvernement. Une déception qu'il arrivera sûrement à surmonter grâce aux royalties de ses produits Ushuaïa.
Nicolas Hulot est connu pour son émission Ushuaïa, un peu moins pour ses shampoings. Souvenez-vous : dans la foulée du succès de l'émission, Hulot a eu la bonne idée d'accepter de créer une marque de cosmétique du même nom. Si cette marque est détenue par TF1, et exploitée par une dizaine de sociétés (L'Oréal pour les cosmétiques, Atol pour les lunettes ou encore Quo Vadis pour la papeterie), l'animateur n'a pas été oublié. Il a signé un contrat avec la chaîne pour toucher des royalties, un petit pourcentage sur les ventes qui lui rapportait déjà 745 000 francs (113 000 euros) en 1992.
Le montage financier de ce petit business est assez simple : pour toucher les pourcentages sur la vente de shampoing Ushuaïa, Nicolas Hulot a créé une société baptisée Eole, dont il était encore président juste avant sa nomination au gouvernement. Les recettes d'Eole ? Les droits d'auteurs sur les livres et... les produits Ushuaïa. Un bon filon, à en croire Le Canard enchaîné : dans les années 2000, Eole affichait un chiffre d'affaires compris entre 480 000 et 715 000 euros. Hulot possédant 99,9% des parts, il a encaissé tous les bénéfices. "Au fil des années, la société a ainsi accumulé quelques 3 millions d'euros de fonds propres, explique Le Canard. Ce trésor de guerre n'appartient qu'à Hulot".
Et pour l'ex-animateur de TF1, Eole est un double jackpot : il est à la fois propriétaire et salarié de la société. Il touche donc à la fois des dividendes (66 000 euros en 2013) et un salaire (290 000 euros en 2013). Au total, d'après sa déclaration d'intérêts effectuée au moment de son entrée au gouvernement, Hulot a reconnu avoir touché, sur la période 2012-2016, entre 176 000 et 338 000 euros, rien qu'en salaire.
Quand Macron découvre l'ampleur du problème à la veille de sa nomination, Hulot est sommé de tout clarifier. Le 16 mai 2017, 24 heures avant d'être nommé ministre, l'ex-animateur a convoqué une assemblée générale de sa société. L'écolo possédant la quasi-totalité des parts d'Eole, il a en fait convoqué deux personnes, un ami et un expert comptable, lesquels sont détenteurs de 4 parts (sur total de 4 137). "Ce jour-là, Hulot a abandonné la gérance de sa société, et la SARL Eole a été transformée en société par actions simplifiées", détaille Le Canard. Dit autrement : Hulot n'est plus salarié de sa société. En revanche, il reste propriétaire de son entreprise. Pendant son année au gouvernement, toutes les royalties L'Oréal sont donc allées à la société Eole et ont été mises en réserve. Il va maintenant pourvoir récupérer tout cet argent sous forme de bénéfices. Pas fou l'écolo.
*** Sources
- I. Barré, "Hulot ma non tropppo", Le Canard enchaîné n°5051, 16.08.2017
- I. Barré, "Le développement durable des profits de Hulot", Le Canard enchaîné n°5045, 05.07.2017
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