Revue de presse · 12 sep. 2019 à 09:01 · 0
250 000 euros en espèces ! C'est le montant des primes versées pendant la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, d'après un rapport d'expertise relayé par Mediapart. De l'argent liquide qui n'a pas été déclaré dans les comptes de campagne, lesquels auraient dû être invalidés.
Dans le cadre de l'affaire Sarkozy-Kadhafi, les juges d'instruction Aude Buresi et Serge Tournaire ont reçu un rapport explosif le 28 août dernier. Ce rapport d'expertise estime que plus de 250 000 euros de primes ont été versées, en espèces, aux salariés de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy. Interrogés par les enquêteurs, plusieurs salariés ont reconnu avoir perçu ces primes en liquide après la victoire de Sarkozy. “Je me souviens que c'était le défilé dans le bureau de Talvas [l'adjoint d'Éric Woerth à la cellule trésorerie], que tout le monde venait chercher son enveloppe. Il a tiré cette enveloppe d'un coffre-fort qui contenait de nombreuses autres enveloppes, plusieurs centaines”, a témoigné un ancien salarié.
C'est Jérôme Lavrilleux, un cadre de la campagne de 2012, poursuivi dans l'affaire Bygmalion, qui a mis les enquêteurs sur la voie. On sait aujourd'hui que le coût réel de la campagne de Sarkozy en 2012 a été évalué à 42 millions d'euros (alors que le plafond maximal autorisé était de 22,5 millions d'euros). Or, d'après Lavrilleux, interrogé en 2017 par les policiers de l'Office anti-corruption (OCLCIFF), la campagne de 2007 aurait coûté la même somme que celle de 2012 ! Une affirmation répétée au journal Le Monde, quelques semaines après son audition : “La campagne de 2012 a coûté la même chose que celle de 2007 ! Sauf que Bygmalion a été remplacé par des palettes de billets. Provenant de Libye, c'est ça ?”
Mis en examen pour “financement illicite de campagne électorale”, le trésorier de la campagne de l'époque, Eric Woerth, a déclaré aux juges d'instruction, en 2018, que cet argent liquide provenait de dons anonymes qui seraient arrivés... par la poste. Un argument qualifié de “captieux” (c'est-à-dire délibérément trompeur) par un rapport de police. Selon Woerth, ce serait près de 30 000 euros en espèces qui auraient circulé. Le rapport d'expertise du 28 août estime, en réalité, qu'il y avait dix fois plus d'argent liquide. Et uniquement en grosses coupures.
Ce rapport d'expertise s'inscrit dans dans le cadre d'une affaire où l'argent liquide coule à flot. Comme le rappelle Mediapart, le bras droit de Sarkozy, Claude Guéant, a été épinglé par les enquêteurs pour son usage immodéré de liquidités dont l'origine reste inconnue. Selon le site d'information, “Claude Guéant a disposé entre 2003 et 2013 d'au moins 325 000 euros en cash – il s'agit des sommes dont les policiers ont pu retrouver la trace –, alors que durant la même décennie il n'a retiré de ses comptes en banque que 2 450 euros et qu'il a reconnu la perception de 110 000 euros détournés des caisses du ministère de l'intérieur et pour lesquels il a été condamné en première instance et en appel. Reste donc un minimum de 211 550 euros au sujet desquels Claude Guéant a opposé une seule réponse face aux magistrats : « J'exerce mon droit au silence. »”. Cet argent pourrait provenir de Libye.
Dans cette affaire, Nicolas Sarkozy et Claude Guéant sont mis en examen pour “financement illicite de campagne électorale”, ”corruption” et “recel de détournement de fonds publics libyens”.
*** Source
- Fabrice Arfi et Karl Laske, “Affaire libyenne: 250 000 euros en espèces pour les primes de la campagne 2007”, Mediapart, 06.09.2019
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