Lorsque De Gaulle décide d'instaurer l'élection présidentielle au suffrage universel en 1962, la question d'une pré-sélection des candidats est évoquée. L'objectif est d'écarter toute candidature fantaisiste et d'éviter de se retrouver avec une centaine de candidatures. Une règle simple a donc été instaurée : pour pouvoir se présenter, un candidat devait obtenir 100 signatures d'élus. Entre 1965 et 1974, le nombre de candidats n'a cessé d'augmenter : 6 en 1965, 7 en 1969, 12 en 1974.
Face aux risques d'une augmentation constante des candidatures, une réforme des parrainages a été entreprise en 1976. Désormais, pour pouvoir se présenter, un candidat devait réunir non plus 100, mais 500 signatures d'élus provenant d'au moins 30 départements différents (50 signatures maximum par département). Cette réforme fut fatale à Jean-Marie Le Pen à l'élection suivante. Candidat d'extrême droite en 1974, il n'a pu se présenter en 1981, faute d'avoir réuni les 500 parrainages.
Seuls les élus peuvent apporter leur soutien à une candidature,
c'est-à-dire les maires (il y a 36 000 communes en France), mais aussi
les députés, les sénateurs, les parlementaires européens,
les conseillers régionaux et généraux ainsi que des membres
de l'Assemblée corse et des Assemblées d'outre-mer.
Au total, il y a donc potentiellement plus de 47 000 élus qui peuvent signer.
D'un point de vue statistique, avec le nombre d'élus et la règle
géographique des parrainages, il ne peut y avoir théoriquement que
80 candidats. Mais ce chiffre est purement théorique puisque la plupart
des élus refusent d'apporter leur soutien à un quelconque candidat.
Les élus disposent de 3 semaines pour collecter les 500 parrainages. En
réalité, certains candidats entament la collecte presqu'un an avant
l'élection pour recueillir des promesses de signatures. En 2007, ce délai
a été rallongé à un mois. C'est le conseil constitutionnel
qui doit s'assurer de la validé des 500 signatures.
Les noms des 500 signataires sont rendus publics et publiés au Journal
officiel. Dès cette publication, la campagne débute officiellement.
Lorsqu'un candidat a recueilli plus de 500 signatures, les 500 noms rendus publics
sont choisis par tirage au sort.
Celui qui obtient les 500 parrainages devient officiellement candidat à
l'élection présidentielle et reçoit de la part de l'Etat
une avance de 153 000 euros pour sa campagne électorale.
Si la règle des 500 signatures a permis de limiter le nombre de candidatures
(9 en 1988, et 9 en 1995), les élections présidentielles de 2002
ont constitué un record avec 16 candidats officiels. Ce système
destiné à limiter le nombre de prétendants a donc ses limites.
Par ailleurs, pour éviter une multitude de candidatures, les grands partis
font pression sur les élus pour qu'ils n'accordent par leurs parrainages
aux petits candidats. Puisque les noms des signataires sont rendus publics, les
maires craignent soit des sanctions de leurs électeurs lors des prochaines
élections municipales pour avoir soutenu un candidat, soit des pressions
de la part des grands partis qui détiennent souvent le pouvoir exécutif
dans les régions ou dans les départements. Un chantage peut donc
être fait : si un maire accorde un parrainage à un petit candidat,
on peut en représailles lui retirer les subventions. Par conséquent,
les "petits candidats" rencontrent des difficultés pour obtenir
les 500 signatures. Ces difficultés peuvent concerner des candidats qui
recueillent pourtant des millions de voix lors de ces élections.
Ce système a donc des effets paradoxaux : il limite de moins en moins
le nombre de candidats (l'élection de 2002 ayant constitué un
record avec 16 candidats) et dans le même temps, des candidats représentant
des millions d'électeurs risquent de ne plus pouvoir se présenter
en raison des réticences de plus en plus grandes des élus à
accorder leurs parrainages.
Une réforme de ce système est donc envisagée pour la prochaine
élection en 2012.