Les années De Gaulle
Georges Pompidou sort renforcer de mai 1968. Premier ministre depuis 6 ans, c'est lui qui a mené les négociations avec les organisations syndicales et qui a incarné la continuité de l'Etat contrairement à De Gaulle, resté le plus souvent silencieux pendant la crise. Par ailleurs, la victoire législative des Gaullistes en juin 1968 est un succès pour Georges Pompidou considéré par de nombreux députés comme le véritable chef de la majorité face à un De Gaulle à l'écart de la politique quotidienne. C'est sans doute cette position de force qui a poussé le général De Gaulle à se séparer d'un premier ministre qui commençait à lui faire de l'ombre. Mais cette mise à l'écart est adoucie par les propos du président qui déclare mettre Georges Pompidou en « réserve de la République » et l'invite à se tenir prêt pour « tout mandat que la nation pourrait un jour lui confier ».
Par ces propos, Pompidou devient le dauphin naturel pour la prochaine élection présidentielle.
La nomination de Maurice Couve de Murville, ministre des affaires étrangères discret, au poste de premier ministre est une grande surprise et marque la volonté du général De Gaulle de reprendre en main la direction de la politique intérieure. En réalité, mis à part à le premier ministre, la plupart des ministres du gouvernement Pompidou sont reconduits. La politique de l'après mai 1968 est placée sous le signe de la participation. De Gaulle pense que les contestations dans la société symbolisent la volonté des Français de vouloir participer davantage à la vie de la société. Cette politique se traduit dans deux domaines : l'éducation et l'organisation administrative de la France. Edgar Faure, ministre de l'éducation, est chargé de préparer une réforme de l'université. Désormais, la gestion des universités est confiée à des conseils élus où l'ensemble des acteurs de l'université sont représentés : enseignants, personnels administratifs et étudiants. La réforme régionale est le deuxième chantier du général De Gaulle.
Suite aux événements de mai 1968, De Gaulle souhaite retrouver une légitimité par les urnes. De cette idée est née l'idée d'un référendum sur un sujet où le général De Gaulle engagerait sa responsabilité. Mais, dans la constitution, un référendum ne doit porter que sur les questions d'organisation des pouvoirs publics. La réforme régionale destinée à donner davatange de pouvoirs aux régions pour rapprocher les décisions des Français sert donc de prétexte à la tenue d'un référendum.
Initialement prévu en décembre 1968, le référendum est retardé et repoussé en avril 1969. Ce délai va permettre aux opposants de De Gaulle de s'organiser : l'opposition de gauche, les milieux économiques qui apprécient de moins en moins la pression fiscale toujours plus élevée. Dans les rangs mêmes de la droite, des critiques apparaissent. Valéry Giscard d'Estaing, leader des républicains indépendants, multiplie les critiques contre la pratique politique De Gaulle et sa tendance à l'autoritarisme. Un fossé se creuse alors entre les Gaullistes et la droite modérée. Enfin, l'attitude de Georges Pompidou est ambigüe. Il n'a toujours pas digéré sa mise à l'écart du pouvoir. Lors d'un déplacement à Rome, il déclare être candidat à la prochaine élection présidentielle et se montre prêt à assurer la succession de De Gaulle. Même si Pompidou s'empresse d'ajouter qu'il est patient, le mal est fait. Le 27 avril 1969, le non l'emporte avec 53% des suffrages.
Le général De Gaulle tire les conclusions du scrutin et écrit dans un communiqué le lendemain matin « Je cesse d'exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd'hui à midi ». Désavoué par le suffrage universel, il décide donc de démissionner alors que rien ne l'obligeait à le faire. C'est donc sur ce dernier coup de dés que le général De Gaulle tire sa révérence de la scène politique française. Alain Poher, président du sénat, assura l'intérim jusqu'à la tenue de nouvelles élections en mai 1969.