Les années Giscard d'Estaing
Le jour de la démission de Jacques Chirac, le 25 Août 1976, Raymond Barre était nommé premier ministre. A la demande de Giscard d'Estaing, Jacques Chirac avait retardé d'un mois l'annonce de sa démission afin de laisser le temps au président de bien choisir son nouveau premier ministre. Le choix pour Giscard était restreint. La majorité à l'Assemblée Nationale étant gaulliste, il pouvait reprendre un gaulliste, Alain Peyrefitte était pressenti, mais puisque Jacques Chirac quittait le gouvernement, il était convaincu que la nomination d'un gaulliste ne serait de toute façon pas un gage de soutien indéfectible du mouvement gaulliste. De fait, il a préféré choisir un homme politique qui n'appartenait ni à l'UDF, ni au RPR pour ménager les deux camps tout en choisissant la sécurité de nommer un homme peu connu dont la fidélité ne ferait pas défaut. Le choix s'est donc porté sur Raymond Barre, ministre du commerce dans le gouvernement Chirac.
Peu connu du grand public, Raymond Barre n'était pas un proche de Giscard d'Estaing mais il respectait la hiérarchie et la prédominance du président sur le premier ministre. Il était surtout connu pour ses compétences en économie. D'ailleurs, pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, Raymond Barre va cumuler le poste de premier ministre et celui de ministre de l'Economie et des Finances. Ainsi, le premier ministre entend mener lui-même la politique économique de son gouvernement. Pendant un mois, il consulte beaucoup, patronat, syndicats pour élaborer un plan économique, voté au parlement le 22 septembre 1976.
La politique économique de Raymond Barre était en rupture avec la politique précédente, qui se faisait au coup par coup et qui apportait une réponse à chacune des différentes difficultés qui se présentaient sans qu'il y ait une politique cohérente et une vision d'ensemble. A l'inverse, Raymond Barre décide de faire une politique sur le long terme destiné à combattre l'inflation, maintenir la stabilité monétaire et lutter contre la hausse du chômage. Pour lutter contre l'inflation, il décide de baisser les coûts de production (baisse de la TVA sur certains produits), de limiter le crédit pour éviter une hausse des prix, et de présenter un budget en équilibre en augmentant les impôts. Mais devant l'opposition de gauche, l'hostilité de certains gaullistes rangés derrière Jacques Chirac démissionnaire, Raymond Barre a du renoncer à une partie des mesures de son plan. D'ailleurs, la perspective d'élections législatives en 1978 l'empêchait de prendre des mesures radicales. C'est seulement après ces élections législatives qu'il a pu mettre en place une politique économique vraiment différente.