Les années Pompidou
En 1965, Mitterrand était arrivé second de l'élection présidentielle. Mais son erreur d'appréciation de mai 1968 avait divisé la gauche et l'avait empêché de se présenter aux élections présidentielles de 1969. A cette élection, la gauche avait présenté plusieurs candidats dont Gastion Deferre, socialiste de la SFIO (Section Française de l'Internationale Ouvrière, c'est-à-dire les socialistes) qui a réalisé un score catastrophique de 5%. Seul le candidat communiste s'en sort avec les honneurs en obtenant 21% des voix. Mais face à cet échec, la gauche prend conscience de la nécessité de se rassembler si elle veut remporter des élections.
La gauche est divisée en plusieurs partis ou groupuscules. Les socialistes sont très divisés : il y a la SFIO de Guy Mollet et de Gaston Deferre, le PSU (Parti Socialiste Unifié) plutôt gauchiste, la Convention des Insitutions Républicaines de Mitterrand, ainsi qu'une multitude de clubs. En juillet 1969, un premier regroupement s'opère entre différents clubs et la SFIO qui chande de nom et devient parti socialiste avec à sa tête Alain Savary en remplacement de Guy Mollet. Mais le processus final de regroupement a lieu à Epinay en 1971.
Quand François Mitterrand se rend au congrès du parti socialiste, il n'en est pas membre mais il a une forte popularité à gauche du fait de sa candidature à l'élection présidentielle de 1965. Depuis deux ans et les premiers rapprochements entre socialistes, le parti dirigé par Alain Savary est englué dans des définitions de doctrine opposant des courants modérés à des courants marxistes. Alors que Mitterrand est extérieur au parti et ne pèse que 15% des voix avec sa Convention des Institutions Républicaines, il réalise un tour de force. Dans un premier temps, il critique la direction actuelle du parti qu'il juge trop timide. Il se montre beaucoup plus offensif et parvient à dépasser les problèmes de doctrine en affichant le principal objectif que devrait avoir le parti socialiste : la conquête du pouvoir. Pour y parvenir, il veut créer un parti socialiste ouvert aux autres forces de gauche, c'est-à-dire les radicaux, les républicains et les chrétiens ce que la SFIO refusait jusqu'à présent. Malgré tout, il présente le parti socialiste comme un parti très à gauche, qui veut rompre avec la logique du capitalisme.
Minoritaire au sein du parti, Mitterrand reçoit un très bon accueil et suscite l'espoir en affichant comme principal objectif la conquête du pouvoir. Pour gagner, il parvient à faire alliance avec deux groupes aux tendances plutôt opposées : le CERES (Centre d'Etudes, de Recherche et d'Education Socialiste), très à gauche et dirigé par Jean-Pierre Chevènement, et une partie de la SFIO emmenée par Gaston Deferre et Pierre Mauroy qui sont hostiles au dirigeant actuel du PS, Alain Savary. C'est dans ces conditions que le 16 juin 1971, François Mitterrand prend la direction du Parti Socialiste avec 43 926 voix contre 41 757 pour Alain Savary. Les socialistes sont désormais unis autour d'un dirigeant charismatique prêt à prendre le pouvoir. Reste, pour y parvenir, à conclure une alliance avec les communistes.
En 1970, Georges Marchais accède au poste de secrétaire général. L'année suivante, les communistes publient un programme de gouvernement qui doit servir de base de travail pour établir un programme commun avec les socialistes. Le principal souci des communistes est de ne pas se faire déborder sur leur gauche par des organisations d'extrême-gauche issus de mai 1968.
En juin 1972, les négociations aboutissent avec le PS avec la signature du Programme commun de gouvernement en vue des élections législatives de 1973. L'opposition de gauche est désormais en ordre de marche.