Nicolas Sarkozy souhaitait un gouvernement d'ouverture et représentatif de la diversité de la société française. A cet égard, l'entrée au gouvernement de Fadela Amara est tout un symbole. Classée plutôt à gauche, Fadela Amara est la fondatrice de la société "Ni putes, ni soumises". Elle a été nommée secrétaire d'Etat en charge de la politique de la ville en juin 2007.
Fadela Amara est née en 1964. Son père, un Kabyle algérien qui travaillait dans le bâtiment, s'est installé en France en 1955. Elle a vécu dans une cité de Clermont-Ferrand fréquentée par des habitants tous issus du Maghreb au point qu'elle avait l'impression de vivre "dans un village arabe". Ses parents sont analphabètes et Fadela Amara est issue d'une famille nombreuse de 10 enfants. Très tôt, elle s'est lancée dans le militantisme en participant à la marche des beurs en 1983, puis en adhérant à SOS Racisme en 1986. En 2003, après la mort de Sohane, une jeune fille brûlée vive dans un quartier, elle a fondé l'association "Ni putes, ni soumises".
Fadela Amara a été contactée une première fois pour faire partie du premier gouvernement Fillon. Elle avait refusé en expliquant qu'elle se sentait plus utile à la tête de son association "Ni putes, ni soumises". Finalement, la deuxième tentative fut la bonne, elle s'est laissée tenter par l'aventure même si la décision fut difficile à prendre car c'est une femme de gauche. Sa nomination a déjà suscité de nombreuses critiques à gauche et en banlieue. On l'accuse d'opportunisme. De son côté, elle répond que son combat n'a pas de clivage politique et qu'elle souhaite transformer la vie dans les quartiers.
Fadela Amara est secrétaire d'Etat, sous la tutelle de la ministre du logement et de la ville, Christine Boutin. Elles le reconnaissent elles-mêmes, leur duo est improbable. Christine Boutin représente la droite catholique, l'opposante au PACS, celle qui considère l'avortement comme un acte inhumain. Fadela Amara est une féministe qui a défendu, avec son association "Ni putes, ni soumises", le droit des femmes à disposer de leur corps, la lutte contre l'oppression dont sont victimes les femmes, notamment dans les banlieues. Christine Boutin et Fadela Amara s'étaient déjà rencontrées sur des plateaux de télévision pour s'affronter. Elles vont devoir travailler ensemble pour tenter de sortir la banlieue du ghetto dans lequel elle est en train de s'enfermer.
En septembre 2007, l'ancienne présidente de l'association "Ni putes,
ni soumises" a fait sensation en présentant son projet en des termes
peu habituels pour un membre du gouvernement. Ainsi, elle déclaré
qu'elle appliquerait une "tolérance zéro pour la glandouille".
Selon elle, pour sortir les jeunes des banlieues de la délinquance, il
ne faut pas "qu'ils traînent et s'emmerdent dans les cités
en bas des cages d'escalier, avec toutes les conséquences que ça
a". La secrétaire d'Etat aurait même déclaré
en plein conseil : "Je vous le dit très cash, maintenant il faut
agir. Il est hors de question qu'on continue à se la raconter sur la
question des banlieues".
Mi-janvier, àVaulx-en-Velin, la secrétaire d'Etat a présenté
les contours du plan baptisé "Espoir Banlieues". Elle a promis
de créer 45 000 emplois en trois ans et de réduire de 40% le chômage
des jeunes en banlieue. Aujourd'hui, il existe plus de 750 zones urbaines sensibles
bénéficiant d'un dispositif particulier. Fadela Amara veut mettre
un terme à ce saupoudrage inefficace et veut concentrer l'effort financier
sur 100 à 200 quartiers.