Michel Rocard est né à Courbevoie en 1930. Son père Yves Rocard est un physicien de grand renom. Il commence par faire des études de lettres puis intègre l'Institut d'études politiques de Paris puis l'Ecole nationale d'administration. Dès 1958, il travaille pour l'inspection générale des finances.
Parallèlement à ses études, il s'engage en politique et adhère aux Etudiants socialistes puis à la SFIO. Entre 1954 et 1956, il en est le secrétaire national. Mais, s'opposant à la politique sur l'Algérie de Guy Mollet, il quitte le parti en 1958 et fonde alors le Parti socialiste autonome. Deux ans plus tard, il participe à la création du Parti socialiste unifié. Il prend alors un pseudonyme, Georges Servet. Rocard se situe du côté de la « modernisation du socialisme » et est proche de Pierre Mendès-France. Il met en avant l'importance d'élaborer un programme de gauche plutôt que de s'attacher aux alliances politiques. Il se fait connaître notamment en s'opposant aux nationalisations totales préconisées par Mitterrand. En effet, il considérait que l'Etat pouvait se contenter de prendre le contrôle d'entreprises privées à hauteur de 50% et que la prise de contrôle à 100% était beaucoup trop coûteuse et revenait au même. En affichant ce choix, il se montre ainsi plus pragmatique. Enfin, il se démarque encore en refusant de se rallier à la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) de François Mitterrand et obtient le poste de secrétaire du PSU entre 1967 et 1973.
Il s'engage, comme le PSU dans son ensemble, dans le mouvement de Mai 1968. L'année suivante, il se présente aux élections présidentielles mais n'obtient que 3,66% des voix au premier tour. Mais, quelques mois plus tard il est élu député des Yvelines à la place de l'ancien Premier ministre, Maurice Couve de Murville. La gauche, contrairement aux présidentielles, le soutient collectivement. Cette victoire lui permet ainsi d'obtenir une certaine popularité.
Tandis que François Mitterrand, premier secrétaire PS au Congrès d'Epinay, réorganise la gauche réformiste, Michel Rocard estime le Programme commun stérile et archaïque. Pourtant, le PSU demeure un parti marginal et en 1973, Michel Rocard fait volte-face en s'engageant au Parti socialiste.
En 1977, il est élu maire de Conflans-Sainte-Honorine. Néanmoins, Michel Rocard affirme de plus en plus son indépendance et rejette à la fois la politique de Chevènement (celle du CERES) et de Mitterrand (celle du PS). Et lorsqu'en 1978, il retrouve son siège de député, il déclare qu'un « certain style politique, un certain archaïsme sont condamnés ». Les rivalités sont alors clairement exprimées et de celles-ci apparaissent trois groupes au sein de la majorité de gauche. Ainsi, au congrès de Metz, Michel Rocard et Pierre Mauroy sont mis en minorité contre Mitterrand. Bénéficiant toutefois d'une bonne cote de popularité, Rocard se déclare candidat à la candidature à l'élection présidentielle de 1981. Mais il y renonce finalement, refusant de s'affronter à François Mitterrand.
Malgré ses dissensions avec le Président de la République, il obtient le poste de ministre du Plan et de l'Aménagement du Territoire dans le gouvernement de Mauroy. En 1983, il devient ministre de l'Agriculture à la place d'Edith Cresson. Le 4 avril 1985, il démissionne de façon fracassante afin de montrer son opposition au changement de scrutin majoritaire en représentation proportionnelle.
Lorsque la gauche perd les élections législatives en 1986, Rocard décide d'entrer de nouveau en campagne pour les élections présidentielles de 1988, mais lorsque les sondages annoncent la popularité toujours aussi forte de François Mitterrand, de nouveau, il renonce à se présenter. Quand celui-ci est réélu, Rocard entre en grâce. Il est nommé Premier ministre. Mais avec le passage au mode de scrutin proportionnel aux élections législatives, le PS ne possède qu'une majorité relative. Le premier ministre est donc obligé de passer des alliances pour faire adopter chacun de ses projets par l'Assemblée.
Menant une politique d'ouverture, il s'entoure donc de ministres de gauche et du centre. Etant entouré de ministres essentiellement mitterrandistes, il doit faire face aux oppositions et aux critiques, notamment celle d'être trop modéré.
Au cours de ses trois ans à l’hôtel Matignon, Michel Rocard mène de front plusieurs dossiers. Il règle les graves conflits en Nouvelle-Calédonie par les accords de Matignon instaurant un nouveau système d'administration de l'île. Il met en oeuvre également le revenu minimum d’insertion (RMI). Enfin, il s'occupe du financement de la protection sociale en instaurant la contribution sociale généralisée (CSG) pour accroître les recettes de la Sécurité sociale. Malgré ces diverses réussites, Michel Rocard est en conflit avec les différents membres du gouvernement, à commencer par Laurent Fabius qu'il met à l'écart et surtout avec Mitterrand qui le pousse à démissionner au lendemain de la guerre du Golfe en mai 1991.
Après son départ, Rocard observe la crise qui s'opère au sein du PS, notamment affaibli par les différents scandales du sang contaminé, des fausses factures. Après l'échec de la gauche aux élections législatives de 1993, Rocard prend la tête du PS à la place de Laurent Fabius. Il appelle alors à un « big bang politique » à gauche où centristes, écologistes, socialistes seraient alliés. Mais au sein même de sa famille politique, il n'arrive pas à s'imposer et démissionne après l’échec de cette formation aux élections européennes de juin 1994.
La même année, il abandonne son mandat de maire de Conflans-Sainte-Honorine. Ne se présentant pas aux élections présidentielles de 1995, il soutient la candidature de Lionel Jospin. Lorsque celui-ci obtient le poste de Premier ministre, il demande à Rocard de ne pas cumuler les mandats et de choisir entre son poste de sénateur des Yvelines et celui de député européen, poste qu'il décide de conserver. Lors des primaires au PS pour désigner le candidat à l'élection présidentielle 2007, Michel Rocard soutient Dominique Strauss-kahn et tient des propos assez durs à l'encontre de Ségolène Royal, estimant qu'il lui faudrait six mois si elle est élue pour s'adapter au poste de président.