Méconnue du grand public il y a encore quelques mois, Nathalie Kosciusko-Morizet est devenue la pièce centrale d’un gouvernement qui a fait du développement durable sa priorité. En nommant Jean-Louis Borloo au poste de ministre d’Etat, Nicolas Sarkozy a donné des gages aux écologistes de sa prise de conscience de la nécessité d’une politique du développement. En outre, il s’agissait d’une promesse de campagne puisque Nicolas Sarkozy avait signé le pacte écologique de Nicolas Hulot. Mais si Jean-Louis Borloo a bien piloté le « Grenelle de l’environnement » au mois d’octobre 2007, c’est surtout Nathalie Kosciusko-Morizet qui a fait l’essentiel du travail en coulisses. Spécialiste des questions d’environnement, elle aspire désormais à de plus hautes fonctions.
Issue d’une famille d’intellectuels aisés, Nathalie Kosciusko-Morizet
est née le 12 mai 1974 à Paris. Du côté paternel, les
origines sont polonaises. La famille Kosciusko est entrée très tôt
en politique. L’un d’eux a été sénateur au PCF
puis SFIO de Boulogne Billancourt. Il a publié en 1921 un essai, Lénine
et Trotski, préfacé par Trotski en personne. Un autre, a été
résistant pendant l’Occupation puis directeur de cabinet de Léon
Blum et de Vincent Auriol. Il mena une carrière politique importante :
il fut ambassadeur à Washington puis responsable des affaires étrangères
au RPR. Le père de Nathalie Kosciusko-Morizet a exercé le métier
de haut fonctionnaire. Du côté maternel, en revanche, la famille
est originaire de la riche bourgeoisie provinciale. La mère était
enseignante en optique quantique à la faculté d’Orsay. Le
couple, installé dans la banlieue ouest parisienne, à Sèvres,
eut quatre enfants élevés dans la tradition bourgeoise.
Nathalie Kosciusko-Morizet découvre les essais politiques de Léon
Blum, Marcel Déat ou de Gaulle chez son grand-père paternel mais
se dirige d’abord vers des études scientifiques en suivant la préparation
aux grandes écoles au lycée Louis-le-Grand. Grâce à
ces études, elle quitte ses parents pour s’installer chez ce grand-père
gaulliste. Celui-ci lui a parlé politique et, lors de visites, l’a
présentée à quelques personnalités politiques. Elle
a ainsi rencontré Marie-France Garaud, à 17 ans.
Après sa préparation, elle intègre polytechnique et décide
de faire son service militaire dans la marine à Djibouti.
Au lieu de poursuivre une carrière scientifique, elle préfère se diriger vers la politique. Elle réussit à entrer au ministère de l’économie pour s’intéresser plus particulièrement à l’écologie. Elle veut faire ses preuves rapidement et être reconnue pour ses compétences. Ainsi, après s’être occupée de la création d’une cellule environnement pour le gouvernement, elle décide d’entrer dans le privé et rejoint Alstom. Elle rédige une note en mars 2000 intitulée « Pour une nouvelle politique de l'environnement ». L'Association des amis de Jacques Chirac la publie et le président de la République l’invite à l’Elysée, écoute ses positions sur l’environnement et l’introduit au sein de l’UMP pour s’occuper de ce secteur. Dès lors, elle commence une carrière politique active. Elle est suppléante aux élections législatives de 2002 dans l’Essonne sur la liste de Pierre-André Wiltzer. Comme il est nommé ministre de la coopération, il lui laisse le poste.
En tant que députée, elle prend en charge de nombreux dossiers comme
les téléphones mobiles ou les OGM. Lorsque Pierre-André Wiltzer
quitte le gouvernement en 2004, elle refuse de lui rendre son siège, décidée
à mener une carrière politique de premier plan.
De tous les combats parlementaires, celui sur la charte sur l’environnement
est le plus emblématique du travail de Nathalie Kosciusko-Morizet. Elle
soutient le projet de Charte sur l'environnement proposé par Jacques Chirac,
charte adoptée par le Parlement en février 2006. Spécialiste
des questions d’environnement, elle s’est battue pour faire figurer
cette charte dans la constitution.
Durant la campagne présidentielle, Nathalie Kosciusko-Morizet soutient Nicolas Sarkozy, tout en restant fidèle à Jacques Chirac. Elle crée des liens entre lui et Nicolas Hulot qui proposa son pacte écologique. Lorsqu’il est élu, le nouveau président de la République la nomme secrétaire d’Etat à l’écologie sous la coupe de Jean-Louis Borloo, un domaine qu’elle maîtrise parfaitement. Pourtant, malgré ou peut-être à cause de ses compétences et de son parcours brillant, la secrétaire d’Etat âgée de 34 ans seulement n’est guère appréciée par ses collègues qui la jugent parfois trop autoritaire ou pédante. Ces critiques ne semblent guère l’affecter. Elle poursuit ses objectifs : en juin 2007, elle est réélue députée avec 56% des suffrages mais c'est son suppléant, Guy Malherbe, maire d'Épinay-sur-Orge, qui récupère son siège. Du côté des écologistes, en revanche, les espoirs sont permis : nombreux sont ceux qui comptent sur elle pour mettre en œuvre une véritable politique de développement durable.