Marie-Ségolène Royal est née le 22 septembre 1953, à Dakar. Son père est militaire de carrière. Après un séjour au Sénégal, la famille Royal est mutée en Martinique. Mais dès le début des années 60, elle s'installe à Chamagne dans les Vosges, berceau des Royal. Jacques Royal a demandé une retraite anticipée. Il veut se consacrer à l'éducation de ses huit enfants conçus en neuf ans. Il leur transmet ses valeurs : ordre, discipline, religion et honneur. Lui-même est l'aîné d'une famille de huit enfants. Comme son père, il choisit la carrière militaire. Cependant, il connaît de nombreuses défaites, à Diên Biên Phu comme en Algérie. Il demande alors de prendre sa retraite anticipée. Il exècre de Gaulle et ses méthodes, aussi vote-t-il pour Jean-Louis Tixier-Vignancourt, candidat d'extrême-droite, à l'élection présidentielle de 1965. Jacques Royal ne s'adapte pas à cette nouvelle société dans laquelle il ne retrouve aucun repère. Il décide donc d'appliquer avec la plus grande autorité son rôle de père afin d'asseoir ses certitudes. Il veut que ses garçons servent la patrie. Ils ont un rôle capital dans ce retour aux valeurs. Les filles se contenteront de servir leur mari. Ce père a recours aux châtiments corporels et aux humiliations pour se faire obéir. La pratique de la religion fait également partie de cette éducation stricte. Ségolène Royal supporte mal ce diktat paternel tandis que ses soeurs sont plus dociles. Enfant déjà, elle remet en cause cette distinction entre les garçons et les filles.
La vie familiale des Royal semble bien réglée. Pourtant, sa mère, Hélène Dehay refuse peu à peu d'obéir à son mari. Au début des années 70, elle s'enfuit à Nancy et doit apprendre à se débrouiller, garantir son indépendance puisque sa famille l'a rejetée. Finalement, grâce à un héritage, elle retourne dans sa région, la Normandie. Jacques Royal refuse de divorcer, de verser toute pension alimentaire et de payer les études de ses enfants. Ségolène Royal intente donc un procès, à 19 ans, à son père qu'elle gagne peu avant la mort de celui-ci, en 1981. Il n'aura pas revu six de ses huit enfants.
Ségolène Royal sait que grâce à l'école, il est possible de sortir de cette condition. Elle se distingue donc très jeune et parvient à convaincre son père de l'inscrire au pensionnat Notre-Dame d'Epinal en 1969. Pour la première fois, elle suit des cours avec des garçons.
Au pensionnat, elle déclare vouloir faire l'école des Sciences Politiques. Elle se rend à Epinal à un meeting écouter Michel Rocard et suit les interventions télévisuelles de la féministe Françoise Giroud. Son père accepte qu'elle poursuive ses études et qu'elle s'inscrive à la faculté de Nancy, en sciences économiques. Elle réussit à intégrer l'école des Sciences Politiques à Paris. Elle est admise à l'ENA.
En 1994, tandis qu'elle siège à l’Assemblée générale et au Conseil général des Deux-Sèvres, elle passe le concours d'avocat au barreau de Paris.
En 1978, attachée aux idées féministes, Ségolène Royal adhère au Parti socialiste à la section du VIe arrondissement. Depuis son départ du foyer paternel, elle admire les allocutions de Françoise Giroud et se rend à des meetings socialistes.
A l'ENA , elle rencontre François Hollande. Lorsque celui-ci obtient un poste à la cour des comptes, Jacques Attali conseiller de François Mitterrand, le repère et l'emploie avec Ségolène Royal comme conseillers de tribunal administratif. Quand Mitterrand est élu Président de la République, le couple suit Attali à l'Elysée. Ségolène Royal devient conseillère technique entre 1981 et 1988. Elle est chargée de la Jeunesse et des Sports puis des Affaires sociales.
Parralèlement à cette activité au gouvernement, elle choisit le Poitou-Charentes comme fief politique. Elle se fait d'abord élire députée des Deux-Sèvres en 1988 et est sans cesse réélue.
Dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy, en 1992, elle obtient le poste de ministre de l'Environnement. Elle fait voter la loi pour le recyclage des déchets. Elle mène une campagne contre le bruit dans les transports et les bâtiments publics.
A cette époque, elle accouche de son quatrième enfant, Flora. Elle pose pour le magazine Paris-Match, son enfant dans les bras et ses dossiers de ministre de l'environnement éparpillés sur le lit d'hôpital. Féminsite, elle s'explique :« Plusieurs personnes m'avaient demandé qui allait me remplacer lors de l'accouchement, comme si le fait d'être enceinte était incompatible avec la gestion d'un ministère. Je voulais montrer qu'une femme accédant à des responsabilités pouvait concilier maternité, vie affective et métier. »
Elle souhaite également présider l'Assemblée nationale mais se fait battre par son adversaire, Laurent Fabius.
Lors de la cohabitation, Lionel Jospin fait appel à Ségolène Royal comme ministre déléguée chargée de l'Enseignement scolaire entre 1997 et 2000. Elle instaure plusieurs réformes notamment l'interdiction des punitions collectives, le zéro de comportement ou encore le bizutage. Elle s'attache également à développer des ateliers de travail dans les ZEP (zones d'éducation prioritaire). Son objectif est de protéger les enfants. D'abord, elle accorde des crédits pour donner, à l'école, des heures de soutien. Elle veut défendre les enfants victimes de violence en faisant voter la loi de juin 1998 relative à la prévention et à la répression des infractions sexuelles ainsi qu'à la protection des mineurs et en mettant en place un numéro SOS Violences. Enfin, elle lance une campagne contre les enfants victimes de racket.
Dans le domaine de la santé, elle veut revaloriser le rôle des infirmières scolaires. Elle met également en place la pilule du lendemain dans les lycées.
Dès la fin de son mandat, elle occupe un nouveau ministère et devient ministre déléguée à la famille, à l'enfance et aux personnes handicapées auprès de la ministre de l’emploi et de la solidarité Martine Aubry. A cette époque, le parti socialiste s'intéresse peu à la question de la famille mais selon Ségolène Royal, la famille peut constituer un véritable enjeu pour la gauche. La droite ne doit pas être la seule à défendre cette valeur. Pourtant, lorsqu'elle obtient le poste, elle n'a ni administration ni locaux. Elle occupe un ancien immeuble de l'EDF à Paris. Pour approfondir les sujets, elle crée les « entretiens Brancion » où chaque jeudi des sociologues, philosophes ou juristes viennent réfléchir et débattre. C'est au cours de ces après-midis de réflexion que Ségolène Royal élabore sa réforme de l'accouchement sous X (désormais l'enfant devenu majeur, peut demander, sous certaines conditions, à connaître ses origines). Elle veut également adapter ses réformes à la société en évolution. Ainsi, elle met en place des mesures visant à mieux concilier les exigences de la vie familiale et professionnelle. Par exemple, elle offre 20 000 places de plus dans les crèches et elle crée le congé paternité.
Elle poursuit sa lutte contre toutes les formes de violence commencée lorsqu'elle était au ministère de l'éducation : sont sanctionnés pénalement ceux qui exploitent sexuellement les mineurs, les pédophiles. Elle mène un combat contre la pornographie et la violence sexuelle à la télévision.
En ce qui concerne les handicapés, elle met en place des mesures pratiques. Elle met notamment en place le plan Handiscol. Désormais, il est plus facile de scolariser des enfants handicapés dans des écoles classiques ou adaptées. Elle développe les aménagements des transports en commun afin de faciliter leur accès aux personnes handicapées.
Mais la réelle consécration de Ségolène Royal a lieu au printemps 2004. Elle se présente en effet aux élections régionales, région de droite traditionnellement. Tandis que la présidente sortante UMP, Elisabeth Morin, demande le soutien d'Alain Juppé, de Nicolas Sarkozy, de Jean-Louis Borloo et de Jean-Pierre Raffarin, Ségolène Royal met un point d'honneur de ne demander de l'aide extérieure à personne si ce n'est à François Hollande. Elle a même refusé de rencontrer Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn venus dans la région soutenir les candidats socialistes. Elle veut parvenir seule à la victoire.
Elle obtient 46,29% des voix contre 32,9% pour la présidente sortante UMP Elisabeth Morin. Elle représente donc la « tombeuse de Raffarin » et surtout celle qui incarne le sursaut de la gauche qui ne s'est pas remise de son échec du 21 avril 2002.
Très confiante et ravie d'avoir remporté la victoire, Ségolène Royal veut changer le paysage politique jusqu'alors gouverné par des notables et affirme qu'« un élu est là pour servir, pas pour se servir ». Elle a un programme essentiellement centré sur le travail : selon elle, il faut faciliter l'accès au premier emploi pour les jeunes, résorber le chômage des femmes et des plus de 50 ans, installer de jeunes agriculteurs dans la région. Concrètement, elle accorde des crédits importants pour l'apprentissage et la formation. « Les bourses de la découverte » est donnée aux jeunes qui effectuent des stages à l'étranger dans le cadre de leurs études. Elle souhaite également rendre gratuit les livres scolaires. Elle soutient les jeunes. Elle utilise la taxe sur les permis de conduire pour financer le permis des jeunes titulaires d'un CAP. Elle accorde également une aide au logement pour les jeunes qui ne bénéficient pas d'autres aides.
D'un point de vue économique, elle veut faire des économies en ce qui concerne les dépenses de communication (affiches, magazines présentant la politique de la région), les études interminables et infructueuses et les réceptions fastueuses.
Elle crée une charte qui engage les entreprises ayant bénéficier d'aides à ne pas délocaliser ni à licencier. Son objectif est de développer l'emploi dans sa région et cet accord a permis la création d'emplois. Elle met en oeuvre des « bourses tremplins » permettant la création d'environ 200 entreprises.
D'autre part, depuis mai 2003, elle est la principale intervenante socialiste à l'Assemblée nationale intervenant contre la loi Raffarin sur la décentralisation. Elle mène une campagne dans toute sa région et organise depuis 2006 des « forums participipatifs » pour réfléchir avec les citoyens du Poitou-Charentes aux solutions à mettre en place.
Son programme plaît et depuis son élection, elle est en tête des sondages. Elle incarne la féminité et le renouveau politique. Cette victoire en Poitou-Charentes lui laisse entrevoir que la candidature aux élections présidentielles est possible.
Le 11 avril 2006, Ségolène Royal participe au Grand Journal, émission présentée par Michel Denisot sur Canal+. L'humoriste Jamel Debbouze lui demande si elle sera candidate aux élections présidentielles. Elle laisse planer le doute mais déclare : « si ça continue comme en ce moment ». Elle attend le 29 septembre pour se déclarer officiellement candidate. Mais à gauche, plusieurs personnalités comptent se présenter : son compagnon et Premier secrétaire du PS, François Hollande, Jack Lang, Dominique Strauss Kahn, Laurent Fabius et Lionel Jospin, revenu en politique pour, selon lui, soutenir son parti. Après de longues semaines de négociations, seuls trois d'entre eux se présentent aux primaires du PS pour désigner le candidat : Ségolène Royal, Laurent Fabius et Dominique Strauss Kahn. Trois débats télévisuels sont alors organisés. La présidente du Poitou-Charentes impose cependant les règles : les candidats n'auront pas le droit de s'adresser directement la parole mais répondront à tour de rôle aux questions posées par les journalistes. Le premier débat concerne les propositions économiques et sociales. Ségolène Royal souhaite en outre revenir sur la réforme des 35 heures et montre ainsi son indépendance vis-à-vis du programme socialiste. Le deuxième débat concerne les sujets de société et la conception du pouvoir. Ségolène Royal se distingue encore une fois en montrant l'intérêt de « la démocratie participative ». Selon elle, les citoyens sont les mieux placés pour parler politique et surtout proposer des initiatives et des réformes. En ce qui concerne les jeunes délinquants, elle propose un encadrement militaire dans des camps humanistes. Enfin, elle met un point d'honneur sur « les fondamentaux de la famille : protection, éducation, amour, transmission des interdits » et l'éducation qui « est la base de tout ». Le troisième débat enfin aborde les questions internationales. Ségolène Royal souhaite mettre en oeuvre les « lycées Kyoto » promouvant l'écologie. Il s'agirait de construire des lycées sans utiliser des énergies fossiles dans le but de réduire les gaz à effet de serre. Le premier d'entre eux ouvrira ses portes en septembre 2009 à Poitiers. En ce qui concerne le développement de l'Europe, il s'agit de lutter contre le chômage et de développer la recherche. Elle souhaite mettre en oeuvre une politique qui permettrait le retour des deux cents mille chercheurs partis à l'étranger faute de financements.
Finalement, le 16 novembre 2006 les militants socialistes se prononcent massivement en faveur de Ségolène Royal en l'élisant dès le premier tour avec plus de 60% des voix face à Dominique Strauss-Kahn (20,8%) et Laurent Fabius (18,5%). Elle est donc officiellement la candidate du PS aux élections présidentielles de 2007.
Le 11 février 2007, elle dévoile un pacte présidentiel composé
de 100 mesures, en référence aux 110 propositions de François
Mitterrand lors de l'élection présidentielle de 1981.