Simone Jacob est née le 13 juillet 1927, à Nice, dans une famille
juive de quatre enfants. Elle est élevée néanmoins dans un
environnement laïc. Dans les années 1940, elle n'est plus autorisée,
comme tous les juifs, à se rendre à l'école. Elle doit se
cacher. Sa soeur aînée s'engage dans la Résistance mais est
arrêtée comme le reste de sa famille et déportée à
Auschwitz. Simone Jacob et ses deux soeurs sont les seules survivantes.
Dès son retour en France, Simone Veil commence des études de droit
et entre à l'Institut d'études politiques à Paris où
elle rencontre Antoine Veil qu'elle épouse en octobre 1946. Celui-ci entre
comme attaché de cabinet de Pierre-Henri Teitgen, vice-président
du Conseil, en 1947. Le couple Veil commence donc à fréquenter les
centristes du Mouvement républicain populaire (MRP).
Lorsque Simone Veil obtient le concours de magistrature en 1956, elle débute
sa carrière en travaillant à l'administration pénitentiaire.
Elle s'occupe des femmes et des jeunes détenus. Elle s'engage notamment
en faveur des détenus Algériens menacés par l'OAS durant
la guerre d'indépendance et veille à leur rapatriement en France.
En 1964, elle change de poste et dirige les affaires civiles. Elle s'occupe particulièrement
des problèmes d'adoption. Dès le commencement de sa carrière
professionnelle, Simone Veil s'est tournée vers les affaires sociales et
a ainsi déclaré : « aussi longtemps que je remonte, je me
suis toujours occupée des exclus ».
Dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas, elle occupe le poste de secrétaire
général du Conseil supérieur de la magistrature au cabinet
de René Pleven, garde des Sceaux. Elle est alors, en 1970, la première
femme de France à accéder à ce poste. Dès cette époque,
elle prend position en faveur de l'avortement.
Lorsque Giscard d'Estaing se retrouve au second tour des élections présidentielles
de 1974 face à François Mitterrand, Simone Veil lui apporte son
soutien. Il est élu président de la République et la nomme
alors ministre de la Santé. Elle est encore une fois la première
femme à obtenir un poste à si haute responsabilité dans un
gouvernement. Elle incarne un symbole : celle de la considération des femmes
en politique.
Le 26 novembre 1974, Simone Veil présente devant l'Assemblée nationale
son projet de loi sur l'avortement. Malgré les dissensions au sein même
de la majorité, elle maintient sa position et fait voter la loi. Elle devient
ainsi la femme la plus célèbre de France et acquiert une popularité
auprès des Français jamais démentie.
En 1979, Valéry Giscard d'Estaing lui demande de mener la liste de l'UDF
aux premières élections du Parlement européen, elle qui défend
les valeurs de l'Europe. Elle devient alors présidente du premier parlement
européen. En janvier 1982, elle abandonne la présidence. Au cours
de sa carrière politique, elle a toujours combattu la montée de
l'extrémisme, le terrorisme, les alliances locales avec le Front national.
Dans le gouvernement d'Edouard Balladur en 1993, Simone Veil est ministre d'Etat
aux Affaires sociales, à la Santé et à la Ville. En 1995,
elle soutient la candidature de l'ancien Premier ministre et est ensuite appelée
par Juppé pour présider le Haut Conseil à l'intégration
(1997). En 1998, René Monory, président du Sénat, la fait
entrer au Conseil constitutionnel pour un mandat de neuf ans. En parallèle,
elle préside à des associations prônant la construction de
l'Europe.
Au printemps 2005, elle déclenche la polémique en encourageant les
Français à voter « oui » à la Constitution européenne
alors qu'un droit de réserve lui est imposé en tant que membre du
Conseil constitutionnel. Elle se retire donc du Conseil le temps de la campagne
pour le référendum.
Tandis qu'en début de carrière, elle a soutenu la candidature de
Giscard d'Estaing et a participé à son gouvernement, elle s'est
toujours distinguée par ses prises de position opposées aux majorités
censées la défendre. Elle n'a donc pas d'étiquette et a déclaré
à l'émission télévision, L'Heure de vérité,
qu'elle est « à gauche pour certaines questions, à droite
pour d'autres ». Ainsi, le 9 mars 2007, jour de la journée des Femmes,
Simone Veil a annoncé officiellement qu'elle soutenait la candidature de
Nicolas Sarkozy (UMP) au détriment du candidat centriste, François
Bayrou.
Ce ralliement a deux explications : d'abord, il s'agit d'une femme libre, de droite,
mais qui n'appartient à aucun parti. Le soutien à Sarkozy plutôt
qu'à Bayrou illustre cette liberté de choix, même si elle
était membre de l'UDF. Mais c'est surtout l'absence de ligne politique
claire du candidat de l'UDF qui l'a poussée à soutenir Nicolas Sarkozy.
C'est tout le paradoxe de cette personnalité si complexe, Simone Veil a
mené d'importants combats, fait avancer les mœurs en légalisant
l'avortement, elle a pris des positions souvent proches de la gauche. Dans les
gouvernements de Chirac ou de Balladur, elle incarnait la fibre sociale. Mais
Simone Veil, malgré ce parcours atypique, reste une femme de droite. Et
à ce titre, elle ne cautionne pas l'ouverture de Bayrou vers la gauche.
Le jour de son ralliement, elle a d'ailleurs ses propos cinglants pour écarter
l'hypothèse de la victoire du candidat centriste : « Bayrou ne représente
que lui-même ».